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10 septembre 2021 5 10 /09 /septembre /2021 18:16

Dimanche 19 septembre, dans le cadre des Journées du Patrimoine, une excursion intitulée « Saintes tendresses », invitera les visiteurs à découvrir, à l’intérieur de l’église Saint-Laurent et des chapelles de Saint-Clair et de Notre-Dame-de-la-Délivrance de Rauville-la-Place, une série d’œuvres médiévale et Renaissance évoquant de façon vivante et très sensible le thème de la maternité et de l’enfantement.

En 1977 lors de travaux menés sur l’église Saint-Laurent de Rauville, quatre statues médiévales ont été découvertes dans les maçonneries du clocher. Restaurées sous l’égide de la Conservation des antiquités et objets d’art de la Manche, elles ont ensuite été replacées dans la nef. Parmi elles figure une très belle représentation de sainte Marguerite, datant probablement du début du XIVe siècle. La sainte, bénissant et tenant le Livre des évangiles, apparaît « hissant » du dragon qui s’enroule à ses pieds et vient mordre le bas de sa robe. L’iconographie de cette ymage médiévale renvoie au récit de la Légende Dorée, qui relate comment cette jeune aristocrate d’Antioche fut enfermée dans un cachot pour avoir refusé les avances du préfet Olybrius. Alors qu’elle était en prison « un dragon effroyable » lui apparut, « lui mit sa gueule sur la tête et la langue sur le talon et l’avala à l’instant. Mais pendant qu’il voulait l’absorber, elle se munit du signe de la croix, ce qui fit crever le dragon, et la vierge sortit saine et sauve ». Condamnée à avoir la tête tranchée, elle invoqua Dieu afin « que toute femme en couche qui se recommanderait à elle enfante heureusement ». Cela explique pourquoi, en Normandie comme ailleurs, Marguerite est devenue la grande protectrice des femmes en couches. « Elle fut invoquée par les reines Marie de Médicis en 1608, et Marie-Thérèse en 1661. Elle était la patronne des sages-femmes. Sa ceinture, conservée dans le trésor des reliques de l’abbaye de Saint-Germain-des-Près, était appliquée aux futures mères qui venaient l’implorer (…). Mais la pratique la plus courante était la distribution dans les sanctuaires de rubans, dits de Sainte-Catherine, que les futures mamans s’attachaient autour du ventre » (Jean Fournée, Le culte et l’iconographie des saints en Normandie).

L’église de Rauville-la-Bigot abrite aussi une très belle statue du XVe siècle de sainte Anne apprenant à lire à la vierge Marie. Cette représentation, très en vogue à la fin du Moyen-âge, propose une image positive de la grand-mère, responsable de la transmission des savoirs, et valorisée dans son rôle d’éducatrice. Elle traduit l’intérêt que l’on éprouvait pour l’enseignement des jeunes filles et fait peut-être écho au développement précoce des écoles rurales en Normandie. Auprès de cette image, la statue de la Piéta, ou Vierge de douleur, offre en revanche une image souffrante de la maternité.

Au fil de l’itinéraire proposé il nous sera encore donné de présenter plusieurs autres œuvres d’art de grande qualité, et différents récits tout aussi évocateurs des dévotions particulièrement liées à la condition féminine dans le Cotentin de jadis. Qui se souvient par exemple que la petite chapelle Saint-Clair de Rauville, où se tenaient d’importantes loueries de servantes et de personnel agricole, était initialement placée sous le vocable de sainte Anastasie ? Comme celle de Marguerite, sa légende illustre de façon imagée, voire comique (le préfet qui la convoite, envouté, se met à embrasser des ustensiles de cuisine et se couvre de suie...), une forme de de résistance féminine à la prédation masculine. A la chapelle du Mont-de-la-Place, l’évocation du culte considérable dont faisait l’objet Notre-Dame de la Délivrance nous ramènera à l’épreuve terrifiante que pouvait représenter l’enfantement, en des temps où, à défaut de réponse médicale, les femmes ne trouvaient souvent pour seul recours que l’intercession de la Vierge Marie.

RV. à 14h30 à l’église Saint-Laurent de Rauville-la-Place. Déplacements sur sites en véhicules individuels, durée d’environ 2h30. Passe sanitaire requis. Accès libre et gratuit.

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