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Intervenants : Julien Deshayes + Simon Tasset
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Intervenants : Julien Deshayes + Simon Tasset
Jeudi 17 février prochain à 18h30, le Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin (service de la Communauté d’agglomérations du Cotentin) propose une conférence richement illustrée consacrée aux « Figures d’anges dans l’art du Cotentin ».
Cette intervention ouvre un nouveau cycle de conférences d’histoire de l’art, entièrement voué en ce début d’année à l’héritage issu de nos petites églises rurales. Au nombre de quatre, ces conférences se tiendront au sein de l’abbaye Sainte Marie-Madeleine Postel de Saint-Sauveur, équipée à cet effet d’un espace tout à fait adapté.
Le thème de la première conférence nous conduira à évoquer un sujet artistique d’une immense prolixité. Depuis les sculptures romanes aux vitraux de l’après guerre, il n’est en effet guère d’église du Cotentin qui se trouve dépourvue de représentations angéliques. Ces messagers divins, omniprésents dans les textes bibliques, ont connu chez nous comme ailleurs une fortune artistique incomparable. Tantôt associés au sacrifice d’Abraham, au thème de l’Annonciation ou à celui de la Résurrection, ils parviennent aussi à s’imposer dans quantité d’autres scènes religieuses sans pourtant apparaître dans les textes correspondants (Fuite en Egypte, Baptême, Crucifixion...). En tant que symboles et marqueurs du sacré, ces créatures ailées accompagnent régulièrement les figurations de la Vierge et de saints et prolifèrent sur les grands retables de l’âge Classique. C’est que, tantôt musiciens, porteurs de luminaires, de phylactères, d’encensoirs ou d’armoiries, les anges ajoutent à leur signification sacramentelle d’évidentes qualités ornementales, auxquelles nos artistes se sont montrés particulièrement sensibles. Le conférencier (Julien Deshayes) s’efforcera d’en présenter chacune des déclinaisons, en retenant, pour le plaisir de l’oeil, les plus belles créations parvenues jusqu’à nous...
Les tarifs sont de 4 € pour les adultes, 2 € pour les étudiants.
Gratuit pour les moins de 18 ans, les personnes sans emploi ou sans un sou ce mois-ci
Durée d’environ 1h.
Renseignements : Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin
Tél : 02.33.95.01.26/ pah.clos.cotentin@lecotentin.fr
http://closducotentin.over-blog.fr/
Jeudi 17 février 2022, le Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin propose une visite guidée du château de Saint-Sauveur-le-Vicomte.
Centre du pouvoir des Néel, premiers vicomtes du Cotentin, le château de Saint-Sauveur-le-Vicomte a également joué un rôle déterminant lors de la guerre de Cent ans, à l’époque du bouillant chevalier Geoffroy d’Harcourt.
L’édifice conserve une partie de son enceinte fortifiée, flanquée de tours et dominée par un imposant donjon, édifié au XIVe siècle par le roi Edouard III d'Angleterre. La visite permet d’accéder aux étages du donjon et de découvrir l’intérieur du « logis Robessart ».
Rendez-vous à 15h dans la cour du château
Vendredi 18 février, le Pays d'art et d'histoire propose une visite guidée du château de Bricquebec.
Fondé sous le règne de Guillaume le Conquérant, le château de Bricquebec fut l'une des plus puissantes places fortes du Cotentin médiéval. Il a conservé son haut donjon polygonal et abrite une impressionnante salle seigneuriale d’époque romane. L’ensemble est compris dans une vaste enceinte flanquée de tours et protégé par deux portes fortifiées. C’est dans ce cadre exceptionnellement préservé que s’est écrit, durant plusieurs siècles, le destin des grandes familles qui ont possédé cette seigneurie. Du légendaire scandinave Anslech à Louis d’Estouteville, le vaillant défenseur du Mont-Saint-Michel, ce sont plus de cinq cent ans d’histoire qui nous sont donnés à découvrir.
Rendez-vous à 15h dans la cour du château
Samedi 19 février le Pays d'art et d'histoire propose ce une visite consacrée aux hôtels particuliers et à la vie aristocratique dans le Valognes de l'ancien Régime.
Au cours du XVIIIe siècle, le "Petit Versailles normand" est marqué par un phénomène sans précédent de multiplication des hôtels particuliers, édifiés par une aristocratie de plus en plus nombreuse. Ces résidences urbaines, écrins d’une société brillante, partageant son temps entre les réceptions, les jeux, les danses, les vibrantes discussions et les intrigues mondaines, se substituent alors aux demeures médiévales qui les ont précédées. Pour reprendre les mots de l'intendant Foucault, il n'y a point alors de ville, dans toute la Normandie, "où tant de gentilshommes fassent leur demeure". En 1698, on y dénombre près d'une centaine de maisons de noblesse, en majorité les résidences d'hiver de châtelains de villages avoisinants. Valognes acquiert dès lors, une belle réputation, qui fera dire à Lesage, dans sa pièce de théâtre Turcaret : "Savez-vous bien qu’il faut trois mois de Valognes pour achever un homme de cour"…
La découverte de cette époque fastueuse sera conduite par un guide conférencier du Pays d'art et d'histoire.
Rendez-vous à 15h place du château
Dimanche 20 février prochain, le Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin propose une visite guidée de l’Abbaye Sainte Marie-Madeleine Postel de Saint-Sauveur-le-Vicomte.
Fondation bénédictine datant du règne de Guillaume le Conquérant, l’abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte avait déjà largement périclité avant la Révolution de 1789, qui lui porta le coup de grâce de la confiscation. Bientôt transformé en carrière, l’édifice aurait totalement disparu s’il n’avait été relevé de ses ruines à l’initiative de sainte Marie-Madeleine Postel et de sa congrégation encore naissante, venues s’y établir en 1832. Dès 1838, les travaux étaient engagés, et furent menés par la Mère supérieure avec une énergie d’autant plus surhumaine que celle-ci avait déjà dépassé à cette date les 80 printemps ! Egalement liée à l’action de l’architecte et tailleur de pierre François Halley, la reconstruction de l’abbaye de Saint-Sauveur devait susciter en son temps l’admiration de nombreux contemporains, dont le plus célèbre des enfants du Pays, l’écrivain Jules Barbey d’Aurevilly. Cette œuvre matérielle, reflet de l’extraordinaire puissance spirituelle de la mère bâtisseuse, contribua aussi à définir le destin posthume de sa fondatrice : béatifiée en 1908 Marie-Madeleine fut canonisée en 1925 et apparaît aujourd’hui comme l’une des saintes les plus populaires du département la Manche.
Rendez-vous sur place à 15h
Les tarifs sont de 4 € pour les adultes,
2 € pour les étudiants et les personnes sans emploi.
Gratuit pour les moins de 18 ans et les personnes sans un sou...
Informations (en semaine) :
Tel. 02 33 95 01 26
Courriel : pah.clos.cotentin@lecotentin.fr
Morville sur la carte de Mariette de la Pagerie (1689)
Bibliothèque nationale de France, fonds Gaignières. Un bucheron.
Statue de saint Antoine et son cochon, terre cuite de Sauxmesnil, XVIIIe s
Haut-relief représentant saint Hubert en chasseur et la vision du cerf, pierre calcaire, début du XVIe siècle.
Saint Joseph et l'Enfant Jésus. Groupe sculpté, XVIe siècle.
Morville. Charpente à chevrons formant fermes de la nef de l'église Saint-Pair
(J. Deshayes. Texte rédigé pour le bulletin communal de Morville, septembre 2021)
Haut lieu de pèlerinage de la chrétienté médiévale, monastère célèbre, l’abbaye du Mont-Saint-Michel possédait, comme la plupart des grandes églises fréquentées par les pèlerins, un important trésor de reliques. Patiemment constitué au cours des siècles, ce trésor d’orfèvrerie était exposé et présenté par les moines aux pèlerins, venus de toute l’Europe, dans l’église abbatiale, jusqu’à sa destruction officielle pendant la Révolution Française. François Saint-James a reconstitué l’histoire de ce trésor oublié. En recherchant les témoignages et les descriptions, il a même réussi à retrouver quelques « reliques », perdues depuis la Révolution. C’est cette histoire oubliée et ces reliques qu’il présentera lors de cette conférence.
Historien de l’art, François Saint-James est depuis plus de trente ans conférencier à l’abbaye du Mont-Saint-Michel. Il viendra présenter le fruit de ses recherches dans les archives, les caves et les greniers du célèbre rocher.
Société d’archéologie et d’histoire de la Manche. Section de Valognes. B.P. 122. 50700 VALOGNES. societearcheologie.valognes@gmail.com
Des espaces végétalisés
Ainsi que le rappelait le regretté Dr Michel Guibert dans son étude sur Les Eglises du département de la Manche au XVIIIe siècle, le cimetière de jadis "est un véritable champ où pousse l'herbe et celle-ci est vendue chaque année". Le profit des ventes revenait en général à la fabrique et servait ainsi à financer des travaux d'entretien sur l'église, où à des achats de livres et de mobilier destinés au culte. On y trouvait également des arbres, qui pouvaient être coupés et utilisés pour les réparations de l'église ou, lorsqu'il s'agissait de pommiers, produisaient des récoltes destinées à la vente.
Néhou, église Saint-Georges. Parmi les arbres cimetière se distingue encore un pommier.
Certaines chansons de Normandie ont conservé le souvenir de ces anciens cimetières plantés de pommiers, tel ce petit couplet, recueilli jadis du côté de Verneuil :
« On plante des pommiers ès bords
Des cimetières près des morts,
C’est pour nous remettre en mémoire
Que ceux dont là gisent les corps
Comme nous ont aimé boire »
On est frappé, lorsque l'on contemple les belles représentations de l'église de Gréville-Hague par Jean-François Millet, de constater le caractère très peu minéral du cimetière : seule la croix du calvaire se détache sur l'herbe de l'enclos.
Jean-François Millet, l'église de Gréville, vers 1870-1875.
Les dessins et cartes postales anciennes antérieures aux années 1950 offrent encore une vision très végétale des cimetières du Cotentin, similaire en définitive à la tradition qui s'est préservée en Angleterre, et en fait le charme romantique.
Vasteville, le cimetière pendant la coupe des foins, carte postale vers 1900
Pour celui d'Alleaume, nous possédons plusieurs cartes postales anciennes et des gravures du milieu du XIXe siècle qui attestent son caractère très naturel. Non seulement l’herbe croissait abondamment parmi les tombes, mais des arbres y poussaient. Noter toutefois que des sujets d'ornement - des résineux le plus souvent - se sont déjà substitué au cours du XIXe siècle aux arbres fruitiers.
L'église d'Alleaume vers 1840 (coll. particulière)
Rappel : Ce cimetière est celui qui possède, pour le département de la Manche, le plus grand nombre de tombes protégées au titre des Monuments historiques.
L'église d'Alleaume vers 1910, carte postale ancienne
A Sottevast, à Huberville, à Jobourg... partout on est frappé de voir, sur les cartes postales du début du XXe siècle, des sépultures encore rares émergeant des hautes herbes, parmi lesquelles d'étroits sentiers permettent de cheminer. Souvent les églises ne sont pas encore dotées de gouttières, et des talus végétalises placés en pied de mur servent à repousser et absorber les eaux de pluie. L'obsession hygiéniste contemporaine pour la "propreté", le bitume et les marbriers bretons n'avaient pas encore triomphé du vivant. Aujourd'hui la mise en application de la loi du "Zéro phyto" conduit les communes à repenser la place du végétal dans leurs cimetières. Le CAUE de la Manche leur apporte en ce domaine de précieux conseils (lien).
Huberville, l'église vers 1910, carte postale ancienne.
Huberville, l'église vers 1910, carte postale ancienne.
Enclos et clôtures
Les clôtures des cimetières étaient le plus souvent, comme celle des champs, des haies végétales plantées sur des talus. Dans certains villages subsistent encore des enclos formés de haies , comme par exemple à Hémevez (haies doubles) ou Morsalines.
Morsalines, l'église vers 1920, carte postale ancienne.
On a parfois recherché une origine celtique aux enclos de forme circulaire... Ce qui ressort de façon assez nette des données archéologiques disponibles est que les nécropoles mérovingiennes s'étendaient initialement bien au-delà de la clôture des cimetières actuels. La structuration des enclos dans la forme où ils nous sont parvenus fut sans doute un processus assez lent. Pour le XVIIe siècle, on discerne au contraire une tendance visant à élargir l'espace du "parvis", au devant de l'église. Cela devait contribuer à magnifier la façade occidentale et les processions qui y aboutissaient.
A noter que l'espace du cimetière constitue aussi ce qu'on nomme "l'enclos paroissial", qui est un espace clos, consacré et sacralisé par une liturgie de la dédicace, protégé des intrusions animales, en particulier des cochons susceptibles de déterrer les corps. Certains contenaient des ossuaires permettant de recycler les corps exhumés, d'autres des fontaines vouées à des saints et douées de vertus guérisseuses. Le cimetière de Montaigu-la-Brisette possède à la fois un ossuaire, une fontaine Saint-Martin réputée miraculeuse, et abrite encore la maison du "custos" ou sacristain. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, on a souvent enterré d'anciennes statues, mises au rebut, dans le sol sacralisé des cimetières du Cotentin.
On y trouve aussi des autels extérieurs, servant pour les cérémonies des rogations, qui donnaient lieu à des processions parmi les tombes (bel exemple conservé à Fontenay-sur-Mer,). A Barneville, la tradition s'est conservée d'une "pierre des plaids" situés dans le cimetière, devant l'église, qui servait de lieu d'exercice de la justice seigneuriale.
Barneville, l'église Saint-Germain vers 1820. Bbh de Cherbourg, fonds Charles de Gerville
Lorsqu'il venait à Valognes, c'est au cimetière entourant l’église Saint-Malo que Gilles de Gouberville (1521-1578) tenait parfois ses rendez-vous et ses conversations. Ce cimetière urbain fut longtemps le seul jardin public de Valognes. Après la messe c'est aussi au cimetière que se faisaient les assemblées paroissiales, que l'on prenait des décisions concernant la communauté, recrutait ou réquisitionnait des hommes pour les corvées du roi ou les milices paroissiales. Pour Lieusaint et Saint-Floxel, il existe des mentions médiévales relatives aux marchands qui y tenaient leurs étals. En bref, le cimetière, comme aussi l'église, était jadis un espace ouvert à de nombreux usages, y compris totalement profanes.
Querqueville, le cimetière vers 1900, d'après une carte postale ancienne
Un exemple représentatif, le cimetière de Brix
A Brix, les nombreux pommiers qui entouraient l’église ont malheureusement été coupés au XIXe siècle, comme ceux de Sottevast, de Couville et de beaucoup d'autres communes. Tandis que leur floraison égayait au printemps le sommeil des défunts, les vivants procédaient vers la fin de l’automne à la vente aux enchères des fruits nouvellement cueillis. Comme le relate Claude Pithois, ces assemblées villageoises se tenaient auprès du grand échalier, prés du portail d’entrée du cimetière, après la messe du dimanche matin. Les recettes de la vente étaient ensuite versées au trésor de la fabrique, pour servir à l’entretien de l’église.
Chaque année, à la saison des pommes, l’aubergiste de Brix installait son pressoir sur la place de l’église, pour y tirer son cidre. Badauds et clients pouvaient ainsi assister au pressage du marc, goûter au vert jus, et s’assurer de la qualité des boissons, servies en abondance durant le reste de l’année. En Cotentin, lorsqu’on perçait un fut de cidre nouveau, il était d’usage, dit-on, de placer sur la porte des auberges un chapelet de pommes, afin de le faire savoir à chacun !
Bien qu’il n’abrite plus aujourd’hui de pommiers à cidre, le cimetière de Brix est toujours dominé par un imposant if, âgé dit-on de plus de 800 ans. Selon une légende locale, cet arbre fut planté ici sur la tombe d’un enfant, du temps dit-on du sire Adam de Brix, qui résidait au XIIe siècle dans le château voisin.
Brix, assemblée devant l'église. Carte postale ancienne, vers 1910
Rocheville, église "neuve" bâtie à l'extrême fin du XIXe siècle. La plantation d'arbres participait encore de l'aménagement des cimetières et des abords des églises.
J. Deshayes/Pays d'art et d'histoire du Clos du Cotentin. Novembre 2017.
Parmi les questions récurrentes concernant les manoirs du Cotentin, celle de la coloration initiale de leurs huisseries revient particulièrement souvent.
Si le blanc commun - peu distinctif ni de la date ni du statut de l'habitat - se retrouve le plus habituellement dans notre environnement depuis le XVIIIe siècle, et si l'on fait fréquemment aussi le choix du rouge "sang de bœuf" sur les logis anciens, l'option de l'ocre jaune est plus rarement choisie.
Sans prétendre trancher la question, ni moins encore apporter à cette question une réponse universelle, il nous semble utile de signaler ici un cas assez intéressant de "fenêtre feinte", dotée d'un décor peint pouvant dater du premier tiers du XVIIe siècle environ. Cet exemple appartient à un manoir du secteur de la baie des Veys, à l'est de Carentan.
Les clichés joints montrent assez nettement la coloration choisie. Il ne s'agit donc pas dans ce cas d'une authentique huisserie en place, mais bien d'une représentation, uniquement partielle car adaptée aux seuls chassis de vitrage d'une fenêtre d'entresol, qui se trouve en outre partiellement gommée par la toiture d'un porche venue couvrir le perron donnant accès à la porte d'entrée.
Le fait même qu'il s'agisse ici d'une représentation, non d'une ouverture réelle, me semble notable puisque l'on perçoit ainsi un modèle de fenêtre pour ainsi dire "idéale", telle qu'on a pu estimer qu'elle devait être dans l'absolu. Noter aussi la coloration bleutée censée figurer son vitrage.
Pour des époques plus tardives, surtout à partir du début du XVIIIe siècle, on retrouve assez souvent de semblables fenêtres feintes. L'exemple ci-dessous, visible dans un château du Plain-Cotentin, en offre une bel exemple, avec ses huisseries blanches à petit carreaux, et même son garde corps en ferronnerie...
Voici donc une problématique à approfondir... complémentaire de cette des enduits couvrants décoratifs, que nous avions abordée antérieurement sur ce même blog.