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Ce site présente les actualités proposées par l'équipe du Pays d'art et d'histoire du Clos du Cotentin. Il contient également des dossiers documentaires consacrés au patrimoine et à l'histoire de Valognes, Bricquebec et Saint-Sauveur-le-Vicomte.

Hôtel de Cussy, ou hôtel de Sainte-Suzanne, ou hôtel de Foucault (édifice disparu)

Rue de Poterie

En 1722 Jean René de Cussy, sieur d’Armanville, de Teurthéville Hague, de Nouainville, de Montfiquet et autres lieux, commandant pour sa Majesté « dans la ville et château de Valognes en Normandie», achetait un fonds constitué de trois boutiques jouxtant sa propriété, sur la rue de Poterie. Epoux en 1718 de Marie-Madeleine Varin, le sieur de Cussy avait été impliqué en 1707 dans une curieuse affaire d’évasion, qu’il avait organisée au profit du dénommé Nicolas Samuel, sieur de Basmond, notaire royal, son « homme d’affaire ». Condamné pour ces agissements, il fut assigné en cassation au versement d’une amende de 450 livres et fit même, semble t-il, quelques jours de prison. Cela ne semble pas avoir compromis sa carrière puisque Jean-René de Cussy d’Armanville est cité en 1736 au nombre des « portes épées » appointés de 500 livres de rente, devant figurer dans les cérémonies du Sacre et des funérailles royales. A son décès, survenu le 17 septembre 1737, la propriété de la rue de Poterie fut semble t-il transmise à son fils cadet Jean-René (II) de Cussy, né en 1694, tandis que l’ainé, Jean-Gabriel, héritait à Valognes d’une autre demeure, connue aujourd’hui sous le nom d’hôtel de Carmesnil.  L’inventaire après décès levé en cette occasion mentionne « la chambre neuve non enduite du côté du levant ayant vue sur le jardin», correspondant probablement à l’extension nouvelle de la demeure.

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Plan d'alignement de la rue de Poterie levé en 1768, détail

A son décès, survenu le 5 avril 1763, Jean René (II) de Cussy transmet la propriété à son fils aîné, François de Cussy, né à Valognes le 3 juin 1732 de son union avec Marguerite du Mesnildot. Seigneur de Nouainville et Teurtheville-Hague, conseiller du roi, maitre particulier des eaux et forêts du Cotentin, ce dernier est cité en 1778 parmi les nobles résidants de la rue de Poterie. Célibataire, il employait à cette date six domestiques à son service. En 1780, il cèdait une partie de la propriété en vendant à Guillaume Louis d’Arthenay un corps de logis jouxtant son hôtel de la rue de Poterie, composé de "plusieurs salles, avec porte cochère, (...) avec chambres et cabinets au-dessus" (cf. hôtel du Plessis de Grenadan)Au lendemain de la Révolution, en 1795, il vend le reste de la propriété à Louis-Bon-Charles de la Couldre de la Bretonnière pour la somme de 36 000 livres.

Né en 1741 à Marchésieux, Bon-Charles de la Couldre fit une brillante carrière militaire dans la marine, participa en particulier à la guerre d’indépendance des Etats-Unis d'Amérique, et fut le principal promoteur du développement du port de Cherbourg sous le règne de Louis XVI. Monarchiste et catholique convaincu, il fut enfermé à Valognes durant la Terreur et on sait également qu’il logeait en 1797, en son hôtel de la rue de Poterie, un prêtre non assermenté, Alexis-Nicolas Levaufre, employé pour l’éducation de ses enfants. Après sa mort, survenue à Paris en 1809, la propriété est restée dans la famille de la Couldre, jusqu’à sa vente, en 1887 à la ville de Valognes, par Armand de la Couldre (châtelain de Tourville). En 1889 la décision est prise par la municipalité d’y installer une école des filles et de construire des salles de classe à l'intérieur des jardins. L’édifice a été détruit lors des bombardements américains de 1944.

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Extension supposée (??) de la propriété sur le plan Lerouge de 1767

Le plan Lerouge de 1767 et un autre plan de la rue de Poterie levé en 1768 montrent un édifice relativement vaste, constitué d’un corps de logis entre cour et jardin, flanqué au devant de la façade de deux ailes, reliées sur la rue par une clôture en demi-lune. Par l’inventaire après décès de Louise-Marguerite de Cussy, sœur de François de Cussy, décédée en 1773, nous savons que l’aile sud « à main gauche en entrant » abritait à cette date la chambre de la défunte. Je suppose que l'aile nord, vendue en 1780, fut en revanche intégrée postérieurement à la propriété voisine.

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Détail d'une portion de la façade sur rue de l'hôtel de Cussy, d'après une carte postale ancienne

L’acte de vente passé en 1795 mentionne avec précision un grand escalier central donnant accès au jardin par le premier palier, ce qui indique qu’il existait un décalage de niveau entre le rez-de-chaussée semi-enterré, donnant sur la cour, et l’étage noble ouvrant sur le jardin. Deux escaliers de service complétaient la distribution, constituée d’écuries, de remises, cuisine et autres annexes en rez-de-chaussée, de deux salons, une salle à manger et neuf chambres à l’étage. Sont également signalés lors de cette vente les « tableaux, dessus de portes, tapisseries, baguettes, tringles, buffets à objets attachés et encadrés dans le lambry », cédés à l’acquéreur, tandis que les « glaces, tables de marbre et autres meubles meublant » furent conservés par le vendeur.

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Portail de l'hôtel du Cussy ouvrant sur la rue de Poterie, jouxte l'hôtel du Plessis de Grenadan,

qui englobe depuis 1780 l'une des ailes de l'édifice primitif

L’acte de vente passé en 1887 contient également de nombreuses informations sur cet hôtel, dont le jardin était à cette date équipé d’une serre, et qui couvrait une superficie importante de 54 hares.

 

J. Deshayes, 2012

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