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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 10:55

75, rue de Poterie

L'édifice situé au 75 de la rue de Poterie fit en 1578 l'objet d'un achat, effectué par François Marmyon de la Voutte, bourgeois marchand de Valognes, au dénommé Jean Guiffard, qui le tenait lui même d'une acquisition antérieure, faite en 1565 auprès de Michèle Vautier. En 1582, ce premier lot fut augmenté par François Marmyon d'une petite maison à usage de grange contigüe à la sienne. Un siècle plus tard, en 1678, l'ensemble est revendu par les héritiers de François Marmyon à Adrien Clerel de Sortosville, qui le cède en 1685 à Hervé Leroux, sieur de Giberprey (issue d’une famille originaire de la paroisse de Tocqueville anoblie en 1466). En 1746, Suzanne et Françoise Leroux, les deux filles et héritières du sieur de Giberprey, vendent à Nicolas Levaillant de Basmesnil, avocat au parlement de Normandie, "deux maisons ou grand corps de logis se tenant ensemble couvert d’ardoise l’un à porte cochère se consistant en un office, cuisine, laverie, salon, cellier, appentis et écuries, les chambres et greniers dessus étant, l’autre maison à usage de salle, chambre, et greniers dessus, un petit aistre en forme d’appentis au côtes pendantes derrières icelle, les cours et issues au derrière et un jardin potager au bout des cours fermé de muraille ". Cette demeure est restée ensuite en possession des héritiers de M. Levaillant jusqu'en 1857, date de sa vente à M. et Mme Duquesne. Revendue en 1880 à M. Guillemin, puis en 1907 à M. et Mme Boudillet, elle appartient depuis 1973 à la famille Beaugrand.

 Nous ignorons le lien unissant cette propriété à Monsieur d'Heu, officier portant entre 1750 et 1779 le titre de Commissaire des guerres, qui lui a usuellement laissé son nom. Dans L'état général des gentilshommes de Valognes dressé en  1778, ce dernier est mentionné comme étant veuf avec un enfant à charge et cinq domestiques à son service. En 1780,  Monsieur d'Heu est encore signalé dans la capitation des nobles au nombre des habitants de la rue de Poterie, mais il semble qu'il fut seulement locataire de l'édifice, et non son propriétaire. Nous ne maintenons ici l'appelation d'hôtel d'Heu qu'en raison de la tradition orale dont nous avons hérité, mais il est évident que la référence à M. de Giberprey, son commanditaire présumé au XVIIIe siècle, serait plus légitime.

H.-d-Heu.jpg

Façade sur rue

La façade sur rue de l'hôtel est entièrement traitée en pierre de taille calcaire. Elle se compose de huit travées, superposant un rez-de-chaussée percé de baies à linteau cintré et un premier étage de fenêtres à linteau droit, séparés par un bandeau horizontal. L'étage de combles est éclairé par trois lucarnes à fronton. Le porche du passage cocher menant vers la cour est reportée à l'extrémité gauche de la façade. Selon des critères stylistique, il semble que cette façade puisse être datée soit de l'extrême fin du XVIIe siècle, soit des toutes premières années du siècle suivant. L'attribution de la commande reviendrait donc au sieur de Giberprey, qui avait acheté l'édifice en 1685.

L'élévation postérieure de l'édifice a préservé l'essentiel de ses dispositions des XVIe et XVIIe siècles. Elle se signale en particulier par une imposante tour d'escalier circulaire et par plusieurs fenêtres à meneaux ou à simple croisillon. Le maintien des dispositions d'époque Renaissance détermine également la distribution des espaces intérieurs, avec grande salle de plain-pied et accès à l'étage par un escalier en vis logé dans la tour hors-oeuvre. Une cheminée avec écusson héraldique martelé, a également été préservée dans la salle du rez-de-chaussée. Le sommet de la tour d'escalier abrite une fuie à pigeons, ouvrant par une petite fenêtre à encadrement saillant et pierre d'envol.

hotel-d-Heu-facade-posterieure-01.jpg

Façade sur cour

Le petit bâtiment de commun bordant actuellement la cour du côté droit ne figure pas sur les plans anciens, qui montrent en revanche, à son emplacement, un escalier extérieur tournant à deux volées et un repos. Cet escalier a depuis été déplacé au centre du mur de soutènement du jardin en terrasse, qui se situe en nette surélévation par rapport à la cour et occupe tout l'arrière de la propriété. L'aile gauche, abritant une charreterie composée de deux grandes arcades en plein-cintre, apparaît en revanche sur les plans du XVIIIe siècle. L'hôtel d'Heu possède également un logement en dépendance, installé dans une petite maison du XVIIe siècle, avec fenêtres à meneaux (partiellement restaurées), donnant sur la rue de Poterie.

 

Julien Deshayes et Stéphanie Javel,

avec de notables apports historiques résultant des recherches de Mme Beaugrand.

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commentaires

L
Bravo pour vos articles. J'aimerai avoir une précision si possible sur les héritières de LEROUX Sieur de Giberprey (Suzanne et Françoise), en 1746; Quels sont leurs parents ?<br /> Hervé LEROUX, fils unique de Pierre et de Renée Françoise GRIP de Savigny a épousé le 14 05 1741 Bernardine Françoise Madeleine BAYARD à Saint Germain de Montivilliers (76). J'ai trouvé la naissance d'une fille en 1742, décédée à 2 jours. Compte tenu de la date de mariage de son père (1712) et par déduction de sa date de naissance approximative, il est peu probable qu'il y ait eu un premier mariage. Pour info, l'épouse de Hervé LEROUX, est décédée le 31 03 1760. Elle est inhumée dans l'église abbatiale, près de la Chapelle de Montserrat. Elle est la marraine de Bernardin de SAINT-PIERRE.<br /> Si vous trouvez quelque chose, merci de m'en informer, ces personnes font partie de ma généalogie. Quoi qu'il en soit, encore bravo, et merci pour tous vos articles qui sont une source de renseignements.<br /> Cordialement,<br /> Juliette LEBRETON
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A
Bonjour. Dans l'acte de vente de la maison de la rue de Poterie, en 1746 (Arch. dép. Manche, 5 E 14740, fol. 524), il est bien précisé que Françoise LEROUX, désormais épouse de Louis RUALLEM sieur du Parc, était la fille de Hervé LEROUX sieur de Gibertprey et qu'elle avait pour soeur &quot;noble demoiselle&quot; Suzanne LEROUX, apparemment non mariée à cette date. Cordialement, J. Deshayes.

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