Ce site présente les actualités proposées par l'équipe du Pays d'art et d'histoire du Clos du Cotentin. Il contient également des dossiers documentaires consacrés au patrimoine et à l'histoire de Valognes, Bricquebec et Saint-Sauveur-le-Vicomte.
Rue Pelouze
Dans le dernier tiers du XVIIe siècle, le sieur Frollant des Mares possédait une maison dont l'emplacement correspond à la partie droite de l'hôtel actuel. La propriété s'étendait aussi sur la rive droite du Merderet, à l'intérieur de ce que l'on appelait alors la Cour des Gendres. Le 17 juillet 1716, le sieur Frolland cède cette propriété à Guillaume le Capelain, sieur du Parc, qui revend rapidement l'ensemble, le 5 avril 1719, à Louis Osber seigneur de Saint-Martin-le-Hébert. Le 12 avril 1740, Louis Osber vend la propriété en deux lots : tandis que le dénommé Michel Pinel achète les bâtiments situés sur la rive droite du Merderet (aujourd'hui disparus), Charles-Guillaume-François d'Hauchemail, sieur des Hommets, acquiert le corps de logis principal. En 1774, après plusieurs transactions successives, ce dernier reconstitue le lot primitif, en rachetant aussi bien l'hôtel de la rue des Trois Tisons (actu. rue Pelouze) que les immeubles situés dans la cour des Gendres, sur la rive droite du Merderet. C'est probablement au sieur d'Hauchemail qu'il convient d'attribuer, vers 1740-1779, la construction de l'hôtel particulier que nous connaissons aujourd'hui. Au cours des années suivantes, la propriété est laissée en jouissance de la fille du sieur des Hommets, noble dame Marie-Louise-Charlotte-Elisabeth-Catherine d’Hauchemail, qui y réside avec son époux, André-Alexandre Etard de Bascardon. Après la mort de ce dernier (survenue le 3 juin 1779), Madame d'Hauchemail rachète en 1780 l'ensemble de la succession auprès de ses deux frères, tous deux prêtres. Elle conserve ensuite l'hôtel jusqu'en 1802, puis le revend à Catherine Françoise Beaudrap de Fournel. En 1815 Catherine, veuve de André de Hennot et Jeanne de Thieuville, veuve de Jean-Baptiste Thiboutot, en font donation au Bureau de Bienfaisance pour abriter les soeurs de la charité. Un atelier de dentelle y est installé jusqu'en 1845, date à laquelle les soeurs déménagent à l'hôtel de Saint-Rémy, rue des Religieuses. L'aile gauche, construite en 1841 pour servir de préau aux jeunes filles, fut affectée de 1845 à 1937 aux écuries de la gendarmerie à cheval. A partir de 1937, et notamment durant la seconde guerre mondiale, le bureau de bienfaisance y loge des personnes aux faibles ressources. Le 4 novembre 1961, le bureau d'aide sociale, héritier du bureau de Bienfaisance vend l'édifice à la ville de Valognes, qui y installe un Centre de secours contre l'incendie. Les pompiers occupent l'hôtel jusqu'en juin 1976. L'édifice, protégé au titre des Monuments historiques, abrite depuis les années 1980 le musée de l'Eau de vie et des Vieux métiers.
L'hôtel de Thieuville forme un long corps de logis simple en profondeur, situé en fond de cour avec une façade postérieure directement accolée à la rivière, pour partie édifiée en encorbellement au-dessus du cours d'eau. La partie droite de l'édifice conserve en rez-de-chaussée plusieurs ouvertures chanfreinées d'époque Renaissance, surmontées d'un bandeau horizontal formant larmier. A l'intérieur, les pièces correspondantes conservent des consoles de poutre ornées de feuilles d'acanthe appartenant également à l'édifice du XVIe siècle. Prenant appuis sur cette portion d'élévation antérieure, le premier étage de l'édifice a été entièrement réaménagé au XVIIIe siècle et repercé de dix hautes fenêtres à linteau droit. La partie gauche du corps principal, organisée en travées régulières de baies à simples chambranles plats, appartient intégralement en revanche au XVIIIe siècle. Le rez-de-chaussée était occupé par des pièces de service. Il conserve en particulier la cheminée sur arcs d'anciennes cuisines. Le premier étage abrite une succession de pièces en enfilade desservies par un escalier droit à double rampe installé dans l'une des travées latérales du corps de logis. Deux des pièces situées à dans l'aile orientale de l'hôtel ont conservé leurs boiseries du XVIIIe siècle, avec une cloison isolant un cabinet annexe. La description donnée en 1779 dans l'inventaire après décès du sieur Etard de Bascardon précise que cet étage noble contenait alors, d'ouest en est, un petit cabinet précédant "la chambre où ledit seigneur est décédé", puis une seconde chambre, un cabinet de compagnie, un autre cabinet servant de bibliothèque, une salle à manger, jointe à un office et un cabinet annexe. Le rez-de-chaussée abritait pour sa part cuisine, laverie, cellier, " salle de décharge", caveau, bûcher et écurie.
A l'ouest, l'aile qui prolonge le corps de logis ne fut construite qu'à la suite d'un délibéré du conseil municipal daté du 14 mai 1841. De l'autre côté du Merderet était encore situé en 1845, " le poulailler avec la basse-cour, un parterre, un jardin potager reliés par un pont de l'autre côté de la rivière un bûcher, cellier, hangar". Ces anciennes dépendances ont été détruites lors des bombardements alliés de 1944. Le portail permettant l'accès à la cour se signale par ses deux piliers maçonnés surmontés de pot à feux de style rocaille.
Javel/Deshayes