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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 12:02

45, rue des Religieuses

 

La famille de Creully possédait dès le premier tiers du XVIIIe siècle une maison occupant pour partie l'emplacement de l'actuel hôtel Martin-de-Bouillon.

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Emprise de l'hôtel martin de Bouillon sur le plan Lerouge, 1767

En 1734, cette demeure comprenait notamment cave, salon et cuisine en rez-de-chaussée, chambres à l'étage et greniers. En 1753, puis en 1763, Jean Nicolas de Creully augmente l'assise foncière de la propriété en se portant acquéreur de deux autres maisons mitoyennes. Un acte du 26 juillet 1773 consécutif au décès du commanditaire indique que l'ensemble formait désormais « un seul et même corps de logis » et nécessitait des réparations urgentes. Ce document précise aussi que Marie Julienne Cauvin du Ponchais, veuve de Jean-Nicolas de Creully, y résidait déjà depuis plus de 14 ans, soit depuis 1759 au moins. Elle y demeure encore par la suite, jusqu'à son décès survenu en 1780. L'hôtel est revendu le 20 juin 1781 par son héritier, Guillaume Jacques-Guy Lucas, sieur de la Métairie, au profit Jean-Baptiste Heurtevent. L'acte de vente mentionne alors un édifice « consistant en deux salles sur le bord de la rue Aubert, un grand vestibule entre les deux, une grande porte cochère avec les cabinets et offices au derrière, les chambres, cabinets et greniers au dessus avec un escalier pour les accéder, une cour au derrière et deux ailes de maisons aux deux côtés ».

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Le 9 septembre 1782, Marie-Françoise-Léonore Heurtevent, sœur et unique héritière de Jean-Baptiste Heurtevent, revend la propriété à Constantin-Frédéric Thimoléon du Parc, seigneur et patron de Barville. Constantin-Frédéric Thimoléon du Parc, né au Mesnil-au-Val (au manoir de Barville, qui fut la propriété au XVIe siècle du célèbre Gilles de Gouberville) le 13 décembre 1759, fut colonel de cavalerie, chevalier de l'ordre de Saint Louis, membre de la chambre des députés de 1815. Emigré avec sa famille en 1791, il servit dans l'armée des Princes lors de la Révolution. "Le 31 mars 1814, il conduisit ses trois fils, qui ne l'avaient jamais quitté, sur la place Louis XV, et tous quatre furent au nombre des fidèles royalistes qui, après avoir arboré la cocarde blanche, allèrent au devant des alliés" (Nicolas Viton de Saint-Allais, Nobiliaire universel de France, Paris, 1816, p. 307). On sait par ailleurs que Constantin Frédéric Timoléon du Parc, alors âgé de 127 ans, abrita le 31 décembre  1786 dans cet hôtel de la rue des Religieuses l'assemblée fondatrice de la loge maçonnique "L'Union militaire", dont il était lui-même le Vénérable (cf. Hugues Plaideux, dans Revue de la Manche, fasc. 150-151, p. 224).

La famille Duparc de Barville en reste propriétaire jusqu'au 14 avril 1837, date de la vente de l'édifice par la comtesse de Beaufonds, née Duparc de Barville, à Désiré Lucas de Couville. Le 29 mai 1863, Louis Joseph Martin de Bouillon rachète l'hôtel à Hyacinthe Lucas de Couville. C'est lui qui aurait entrepris, en 1868, la réfection de la façade sur rue et l'aurait achevée en 1879. Il a laissé son nom à l'édifice.

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L'hôtel Martin de Bouillon possède un plan en L composé d'un corps de logis sur rue flanqué d'un pavillon latéral ouvrant sur le jardin. Si la distribution générale de l'édifice semble reprendre pour l'essentiel celle du bâtiment décrit en 1781, l'élévation sur rue résulte d'une importante campagne de travaux, entreprise en 1868. Celle-ci se divise en deux niveaux d'habitation, séparés par un bandeau horizontal. Le rez-de-chaussée est percé en son centre d'une porte cochère encadrée de part et d'autre par quatre baies à linteau cintré de hauteurs inégales. La porte cochère est coiffée d'un arc cintré orné de claveaux en bossage et d'une agrafe à couronne de chêne. Le premier étage est percé de huit baies surmontées d'un arc surbaissé saillant. La corniche de la toiture, très saillante est soutenue par une rangée de modillons. Quatre lucarnes à encadrements de pierre adossés de volutes à décor floral éclairent les combles. Le pavillon latéral se divise en quatre niveau comprenant un rez-de-chaussée percé côté rue d'un simple oculus et un premier étage éclairé par une large fenêtre couronnée d'un fronton courbe. L'ensemble est couvert d'une haute toiture en pavillon. Une deuxième porte cochère donnant accès au jardin ouvre sur la rue du vieux château, à l'arrière de l'édifice. Martin de Bouillon est aujourd’hui le plus Haussmannien des hôtels Valognais.


 

Javel/Deshayes pah Clos du Cotentin

 

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