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16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 16:43

L’objet de ce bref article n’est pas de proposer une étude architecturale des portails d’hôtels valognais, ni même d’en effectuer un inventaire, mais simplement d’attirer l’attention sur certaines réalisations remarquables.

Depuis l’époque médiévale les bâtisseurs de manoirs et d’hôtels urbains ont souvent accordé une importance particulière au traitement du portail d’entrée. Au-delà de la nécessité pratique consistant à clore la propriété tout en permettant de la rendre accessible à des attelages plus ou moins importants, le portail constitue un support privilégié d’affirmation du statut de l’édifice et de ses propriétaires. Par ce qu’il est un élément visuel privilégié, son architecture reçoit en général un décor soigné, parfois monumental, dont l’ornementation apparaît particulièrement sensible aux évolutions des goûts et de la mode. Peuvent à ce titre être cités pour Valognes quelques réalisations représentatives de la fin du Moyen-âge : portail charretier de l’ancien manoir l’Evêque, toujours subsistant, et celui de l’hôtel dit de Bourbon, qui se trouvait jadis rue Carnot (détruit en 1944).

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Façade de l'hôtel dit de Bourbon, détruit en 1944, d'après Maurice Pigeon

Pour la Renaissance, le portail de l’hôtel de Ponthergé de Carentan offre localement la plus belle adaptation urbaine d’un décor d’inspiration italianisante, tout à fait conforme aux tendances artistiques de son époque. A Valognes aucun élément de cette période n’a subsisté mais on peut supposer que la réfection d’un grand nombre de demeures nobles au cours du XVIIIe siècle aura contribué à en effacer les vestiges. Datant du milieu du XVIIe siècle, le portail charretier de l’hôtel de Touffreville, coiffé d’un fronton cintré similaire à celui de ses deux pavillons flanquant la façade, montre un mode d’intégration d’un ouvrage d’entrée monumental dans un cadre urbain assez semblable.

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Hôtel de Touffreville, carte postale ancienne, vers 1900

Par sa date de construction, il est à peu près contemporains de grands portails, plus richement ornés, qui furent réalisés pour l’abbaye bénédictine royale (église consacrée en 1648) et le séminaire (fondé en 1654). Outre son fronton brisé soutenu par des colonnes de granite à chapiteaux ioniques, le grand portail de l’ancien séminaire (actuel Lycée Cornat) offre également le premier exemple local d’entrée en demi-lune.

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Ancien séminaire de Valognes, gravure, vers 1830

Ce principe de la demi-lune, destiné comme on le sait à faciliter la manœuvre des équipages, fut ensuite employé, au cours du XVIIIe siècle, dans plusieurs autres constructions. Il en existait une notamment à l’hôtel dit du Trésor d’Ellon, qui abrita la sous-préfecture de Valognes et fut détruit par les bombardements américains de 1944.

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Portail monumental de l'ancien hôtel dit du Trésor-d'Ellon, détruit en 1944

Rue de Wéléat, l’hôtel de Chivré était également équipé d’un portail de ce type. Détruit à la Libération, il fut heureusement dessiné en 1942 par Charles Jouas.

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Ancien portail de l'hôtel de Chivré, d'après un dessin de Charles Jouas

A l’analyse d’un plan de la rue de Poterie datant de 1768, il semble que l’hôtel de Cussy, disparu lui aussi lors des bombardements, possédait une demi lune au devant de la cour. Suite à ces regrettables disparitions, seule subsiste aujourd’hui la demi-lune du portail de l’hôtel du Mesnildot de la Grille, rue des Religieuses. A la différence des exemples précédents, ce portail ne possède pas d’arc en couronnement mais une simple grille au chiffre de ses anciens propriétaires. Son décor de pilastres ornés de bagues en bossages se déploie aussi à l’intérieur de la cour, associé à des ouvertures feintes produisant de séduisants jeux de trompes l’œil.

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Demi-lune de l'hôtel du Mesnildot-de-la-Grille, rue des Religieuses

Le sens du détail et de l’ornement que l’on peut percevoir dans les quelques exemples précédents cède la place à l’hôtel Folliot de Fierville à une conception plus sévère et plus strictement monumentale.

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Portail de l'hôtel Folliot de Fierville, rue de Wéléat

De cette réalisation des années 1720 peuvent être rapprochés les portails de l’hôtel du Pelée de Varennes, rue de Poterie, de l'hôtel de Bascardon, situé derrière le palais de justice, et celui disparu de l’hôtel Sivard de Beaulieu.

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Ancien portail de l'hôtel Sivard-de-Beaulieu, d'après un dessin du début du XIXe siècle

 

RETOUR JD 04/2012

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