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27 août 2012 1 27 /08 /août /2012 10:09

38, rue des Religieuses

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Emprise de la propriété sur le plan Lerouge, 1767

Jean-Antoine Lefèvre de la Grimonière possédait dès le milieu du XVIIe siècle une propriété occupant pour partie l'emplacement de l'actuel hôtel Saint-Rémy. A sa mort, en 1694, l'édifice passe à Hervé-Hyacinthe Lefèvre de la Grimonière qui y était né vers 1688/1689 et y décèdera le 30 août 1768. Maintenue en possession la famille de la Grimonière, cette demeure est ensuite louée, jusqu'en 1782, à Charles-Ambroise de la Houssaye d’Ourville.

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Demi-lune et portail d'entrée

Au début du XIXe siècle Madame de Tocqueville hérite de l'hôtel par sa mère, Madame Erard de Belisle de Saint-Rémy, née Lefèvre de la Grimonière. A partir de 1826, elle en loue une partie aux Frères de la Doctrine Chrétienne, qui y établissent une école de garçons. Elle le vend ensuite, en 1829, au docteur Blény et à sa femme, qui n'habitent de l'hôtel que l'aile située sur la rue (le docteur Blény, personnage ayant inspiré l'écrivain Jules Barbey d'Aurevilly, avait également acheté en 1816 l'hôtel d'Ourville, rue de l'Officialité). Le reste de la propriété continue, pour une partie, d'être loué aux Frères de la Doctrine Chrétienne et, pour l'autre, est affecté à la gendarmerie à cheval. En 1843, Madame Esther de Brucan, veuve du docteur Blény, revend l'hôtel Saint-Rémy au Bureau de Bienfaisance, qui y installe les soeurs de la Congrégation de Saint-Vincent de Paul. L'acte de vente mentionne notamment que la rue Burnouf, amputant une partie des jardins de la propriété, était alors en cours d'aménagement. Il précise aussi que la congrégation des sœurs devait y administrer un pensionnat de jeune fille et un atelier employant 80 à 100 demoiselles, auparavant installés dans l'hôtel de Thieuville (rue Pelouze). Les sœurs de Saint-Vincent de Paul viennent s'établir dans leur nouvelle propriété en 1845, après que la gendarmerie à cheval ait, pour sa part, investi l'hôtel de Thieuville. En 1865, une chapelle dédiée à Saint-Vincent est construite à l'extrémité nord de l'aile située en fond de cour. En 1955, le bureau de Bienfaisance, devenu le Bureau d'aide sociale, y créé des logements pour personnes âgées et un atelier de confection. L'ancien hôtel Saint-Remy abrite également des logements pour les personnes admises en centre d'aide par le travail.

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Corps de logis entre cour et jardin

Lors de travaux effectués à l'hôtel Saint-Rémy, un liard de France daté de 1667 - indice potentiel d'une phase de la construction - a été découvert dans un mur situé à la limite de l'aile sur rue et de l'aile en retour fermant la cour au sud. L'inventaire après décès de Jean-Antoine Lefèvre de la Grimonière, rédigé le 16 mars 1694, permet de déduire que l'édifice se composait alors d'un corps d'habitation sur rue, comptant principalement deux pièces d'habitation par niveau, avec salon et cuisine au rez-de-chaussée, deux chambres avec un cabinet au premier, un autre niveau de chambre au second étage. Au nombre des communs abrités dans une aile annexe sont mentionnés "l’escurie, le bûcher, le grenier dessus l’escurie, un aistre à usage de grange". L'inventaire après décès de Charles-Ambroise de la Houssaye d’Ourville, rédigé le 5 avril 1782, évoque un édifice beaucoup plus vaste, comprenant de nombreuses pièces d'habitation. Son notamment citées la cuisine et ses annexes, une salle à manger et un salon de compagnie, cinq chambres dont "la petite chambre des enfants", et la "chambre de madame", ainsi que plusieurs offices, cabinets ou gardes robes, et un escalier. Cet hôtel comptait aussi une série d'au moins huit appartements, dont un était affecté à la cuisinière et un autre comptait deux lits de domestiques. Les dépendances comprenaient une cour et une petite cour, une écurie, une sellerie, une cave à cidre et plusieurs remises. La propriété ainsi décrite correspond probablement à celle qui figure déjà sur plan Lerouge de 1767, formée de trois longues ailes réparties autour d'une grande cour centrale. La construction du corps d'habitation situé en fond de cour semble en conséquence pouvoir être daté entre la fin du XVIIe siècle et le milieu du XVIIIe siècle environ.

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Aile sur rue intégrant des vestiges de la construction de la fin du Moyen-âge

L'observation du bâti montre que l'aile sur rue comporte des vestiges d'un édifice médiéval, incluant des fenêtres à meneaux partiellement obstruées. L'aile située en fond de cour, dont l'enduit au clou a été refait, présente en revanche une élévation représentative des demeures valognaises du XVIIIe siècle. Elle se compose de six travées ordonnancées, abritant trois niveaux d'habitation séparés par des bandeaux horizontaux. Le rez-de-chaussée est partiellement surélevé sur un niveau de cave. Les deux niveaux inférieurs sont percés de baies à linteau cintré tandis que le deuxième étage est éclairé par des fenêtres à simple linteau droit. La porte d'entrée est accessible par un perron de trois marches. A l'extrémité droite de la façade, une large porte au linteau chantourné permet d'accéder à la chapelle Saint-Vincent.

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Chapelle Saint-Vincent de l'hôtel de Saint-Rémy

La chapelle Saint-Vincent est constituée d'un petit vaisseau de trois travées, s'achevant au nord par un chevet à trois pans. L'édifice est couvert d'une fausse voûte en plâtre sur croisées d'ogives. Aujourd'hui désaffectée, elle abrite un dépôt d'art religieux constitué d'éléments de statuaire, de mobilier et de peinture provenant de divers édifices de la ville.

Des travaux récents menés dans l'édifice ont entrainé la destruction de boiseries anciennes et les huisseries ont été remplacés par des ouvertures en PVC.

S. JAVEL / J. DESHAYES

Pays d'art et d'histoire du Clos du Cotentin

 

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