Site de l’une des principales forteresses du Cotentin médiéval, Saint-Sauveur-le-Vicomte ne devait pas uniquement son rang stratégique à sa situation au croisement de plusieurs axes routiers. Cette position éminente résultait aussi de sa position portuaire, en bordure de la rivière d’Ouve, sur le plus important fleuve de la presqu’île. Attesté de très ancienne date, le port de Saint-Sauveur servit aussi bien à approvisionner en vin et en pièces d’artillerie les soldats de la guerre de Cent ans qu’à fournir en statuaire religieuses les moines de l’abbaye. Ayant fait au XVIIIe siècle l’objet de premiers travaux d’améliorations, cette structure portuaire sera encore modernisée dans les années 1830 et fut alors soumise à divers règlements contrôlant son exploitation. On sait par la suite que son terre-plein était divisé en plusieurs quartiers servant respectivement au stockage du bois, de la pierre des carrières de Rauville ou de la chaux. Cet équipement comprenait aussi des entrepôts et des ateliers qui abritaient une intense activité. Complétant utilement les informations fournies par plusieurs plans anciens, les cartes postales du début du XXe siècle nous renseignent sur ces aménagements portuaires, restés en usage jusqu’au lendemain de la première guerre mondiale.