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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 17:34

 

11, place Camille Blaizot

Quierqueville place Thurin

Entre 1717 et 1722, Françoise de Marcadé, « veuve de messire Bon Antoine Michel, écuyer, sieur de Quierqueville, dame et patronne de Saint-Martin-le-Hébert de Sigosville et de Courcy », acquiert par achats successifs 46 perches sur un terrain dit de la grande carrière, proche de l'ancien Séminaire. Le 13 novembre 1732, lorsqu'elle cède en viager sa propriété à Bon-Antoine de la Haye, il est précisé qu'il existait désormais une maison "faite bastir par ladite dame sur ledit terrain pour y faire sa demeure". Bon-Antoine de La Haye entre en nue possession de l'édifice en 1744, et entreprend d'augmenter la construction d'une aile neuve, qu'il laissera inachevée. En 1768 l'ensemble est revendu par le sieur de La Haye à Alexandre-Nicolas Dubosc, bourgeois de Paris, négociant établi à Valognes, qui, la même année, accroît la propriété d'un jardin attenant de 9 perches. Ce dernier décède en janvier de l'année suivante et, le 11 août 1771, sa veuve cède la propriété à Nicolas-Louis-Eustache de Préfontaine, conseiller du roi, receveur des tailles de l'élection de Valognes. L'hôtel de Quierqueville est de nouveau vendu, le 5 octobre 1779 et le 17 avril 1784, passant successivement en possession des parisiens Nicolas Osselin et Jean le Canut, tous deux officiers et conseillers du roi. Il est racheté 25 août 1784 par Edme Guiart, receveur des finances de l'élection de Valognes qui le transmet à sa fille, Nathalie Guiard, épouse du général baron Pierre Baillod (1771-1853), officier d'Empire, chef d'état-major du général Lemarois, député et membre du conseil général de la Manche. Le 25 mai 1853 Nathalie Guiard cède la propriété à M. Ganilh. C'est semble t-il dans cet hôtel que Jules Barbey d'Aurevilly situe la résidence du chevalier de Mesnilgrand dans la nouvelle « A un Dîner d'athées », publiée dans le recueil Les Diaboliques.

 Quierqueville-1767.jpg

L'hôtel de Quierqueville sur le plan Lerouge (1767)

L'hôtel de Quierqueville offre un exemple bien documenté d'hôtel particulier construit ex-nihilo, sur un terrain resté auparavant presque entièrement vierge de toute construction. L'édifice bâti par Françoise de Marcadé entre les deux dates extrêmes de 1717 et 1732 se composait d'une "maison en demy double à usage de cuisine, salon, cellier, office, chambres, cabinets et greniers", avec  remise et écurie établis dans un bâtiment distinct. Le terme de "demy double" utilisé dans cet acte du XVIIIe siècle désigne une construction double en profondeur, procédé de distribution qui, à Valognes revêtait alors une certaine modernité. L'autre originalité novatrice de la construction réside dans son implantation en cœur de parcelle, entre "une place vague en forme d’avant-cour" d'un côté, et "trois jardins s’entretenant sis en derrière ladite maison" de l'autre. L'inventaire après décès de Françoise de Marcadé, daté du 17 juin 1744, permet en outre d'appréhender l'organisation des pièces d'habitation. Le rez-de-chaussée, ouvrant de plain-pied par un vestibule donnant sur l'escalier, abritait des pièces de service : cuisine, office et cellier, ainsi qu'un salon et un petit cabinet « ayant vue sur le jardin ». A l'étage se trouvaient la salle à manger, « un grand cabinet ayant vue sur le jardin » et trois petites chambres.


Quierqueville plan

Hôtel de Quierqueville, croquis schématique de restitution de l'état ancien

Le corps de logis édifié par Françoise de Marcadé, figuré sur le plan Lerouge de 1767 et le plan Folliot de Fierville de 1880, a malheureusement été supprimé par le docteur Ganhil, ne laissant subsister que l’aile en retour adjointe après 1744 par Bon-Antoine de La Haye. La façade principale de cette ancienne aile de communs, devenue corps de logis, édifiée selon une composition très horizontale, se divise en huit travées et deux niveaux d'élévation. Les baies à linteau cintré du rez-de-chaussée sont intégrées sous une série d’arcades formant décharge. Les baies du premier étage sont à linteau droit.

 

 

Bibliographie :

LEMARQUAND (M.), "Les anciens hôtels de Valognes - la Maison Ganilh", Mémoires de la Société archéologique, artistique, littéraire et scientifique de l'arrondissement de Valognes, t. VII, 1903-1904, p. 19-31.

 

Sources :

-ADM 5 E 14676, fol.213 : le 8 mars 1714 (en date du 14 janvier 1712), vente par Jean-Jacques Folliot sieur des Carreaux à Charles Simon sieur de Clermont, d’une portion de terre de 13 perches et demie.

-ADM 5 E 14680, fol. 4 : le 8 janvier 1717 (en date du 22 mars 1714), rétrocession de fieffe faite par Charles Simon, sieur de Clermont, à Françoise de Marcadé.

-ADM 5 E 14681, fol. 199 : le 10 mai 1718, vente par Pierre Sébire à Françoise de Marcadé d’un morceau de terre.

-ADM 5 E 14712, fol. 288 : le 13 novembre 1732, vente par Françoise de Marcadé veuve du seigneur de Quierqueville à Bon Antoine de la Haye.

-ADM 5 E 14844, fol. 169 : le 17 juin 1744, inventaire après décès de Françoise de Marcadé.

-ADM 5 E 665 (not. De Portbail) : le 10 juin 1768, vente par le sieur de La Haye à Alexandre Nicolas Dubosc.

-ADM 5 E 14857, fol. 51-158 : le 31 janvier 1769, inventaire après décès d’Alexandre Nicolas Dubosq époux de Jeanne Nicole Dubois.

 

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