23, rue de Poterie (édifice détruit)
L’histoire de cet hôtel disparu lors des bombardements de la libération demeure largement méconnue. Il appartenait dans le dernier quart du XVIIIe siècle, au dénommé Jacques-Charles Nicolas Le Bienvenu Dutour, inscrit au n°23 de la rue de Poterie lors du recensement de 1786. Ce dernier figure également parmi les habitants de cette rue sur le Rôle de la capitation des nobles, exempts et privilégiés rédigé en 1780. Né à Valognes en 1761, Dutourps était issu d’une famille établie en ville depuis au moins le début du XVIIe siècle. Il possédait un office de Conseiller du roi et exerçait la charge de Lieutenant de police. Il fut en 1789 l’un des représentants du bailliage de Valognes chargé de la rédaction des cahiers de Doléance. Ayant semble t-il passé la Révolution sans trop de soucis, Nicolas Dutourp fut ensuite maire de Valognes, charge qu’il exerça de 1800 à 1807. Il est inscrit en 1802 parmi les cents citoyens les plus lourdement imposés de la ville. En 1813, il contribua par un don de 4457 francs à l’établissement des sœurs de Saint-Vincent de Paul, venues s’établir dans l’hôtel de Thieuville. Il avait épousé en 1783 Marie Elisabeth Frigoult, originaire d’Houesville, dont il eut un fils, René, qui fit une carrière militaire. Sont également cités, dans un acte daté du 29 avril 1843, ses trois enfants et héritiers : Marcel-Stanislas, conseiller du roi à Caen, Jules-Victor Amédée, demeurant à Valognes, et Marie-Françoise Alexandrine le Bienvenu du Tourp, épouse de Gabriel-Charles Louis Hamelin d’Ectot, ancien procureur demeurant à Saint-Vaast.
L'édifice était entre les deux guerres la propriété de Jean Villault-Duchesnois, qui fut nommé sous-préfet de Valognes en 1897 puis en devint sénateur en 1927. Villault-Duchesnois et mort dans son hôtel lors des bombardements de juin 1944 et repose au cimetière Saint-Malo.
L'hôtel Dutourp d'après une carte postale ancienne
Cet hôtel, situé au bas de la rue de Poterie, présentait une façade sur rue de cinq travées, ordonnancées autour d’un étroit corps central à fronton triangulaire, balcon à l’italienne et fenêtres à clés ornées de motifs rocailles. Edifié sur trois niveaux plus un étage de comble, l’édifice présentait une élévation particulièrement soignée. Il possédait sur l’arrière une longue aile en retour, une tour hors-oeuvre de forme quadrangulaire et des jardins qui s’étendaient jusqu’aux fossés du château (détruit en 1688).
Vue de la cour de l'hôtel Dutourp peu avant sa destruction, huile sur toile de Maurice Pigeon
Julien Deshayes