Ce jeudi 30 août à 18h30, le Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin propose, une conférence illustrée consacrée aux « Femmes de Valognes au siècle des Lumières ».
Connue alors dans le royaume de France comme la ville « la plus polie, la plus spirituelle de la Basse-Normandie » Valognes était considérée au XVIIIe siècle comme un « petit Paris », la véritable « Cour du Cotentin ». Ce n’est donc point un hasard si le romancier Lesage, dans sa pièce « Turcaret », présentée à Paris en 1709, s’autorisait à écrire que « les dames de Valognes sont les premières dames du monde pour savoir l’art de se bien masquer, et chacune à son déguisement favori ». Mais quel que soit son statut et son rang, chacune devait affronter les difficultés propres à une condition féminine souvent exigüe et contraignante. A travers anecdotes et récits se rapportant au destin des plus nobles marquises comme des plus simples lavandières, nous nous efforcerons de faire revivre, le temps d’un soir, certains aspects de la vie des femmes de Valognes au siècle des Lumières.
Cette conférence débutera à 18h30 précises (durée environ 1h15). Rendez-vous dans la salle de l’hôtel-Dieu de Valognes, rue de l’hôtel-Dieu.
Accès libre et gratuit.
Renseignements : Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin
Après une évocation des terribles bombardements qui ont précédé la libération de Valognes en détruisant 70% de la ville, le guide conférencier s’attachera à détailler les conditions dans lesquelles s’est effectuée la reconstruction du centre urbain, sous la tutelle de l’architecte urbaniste Olivier Lahalle, commis à cet effet par le MRU (Ministère de la Reconstruction et de l’urbanisme). Cette visite permettra faire un bilan des qualités architecturales de cette Reconstruction et de mieux comprendre les grands bouleversements qui ont alors dessiné le nouveau visage du « Petit Versailles normand ».
Rendez-vous place du château (auprès du panneau d’information touristique situé en haut des nouveaux emmarchements, devant la « salle du château »).
4 € pour les adultes, 2 € pour les étudiants.
Gratuit pour les moins de 18 ans et les personnes sans emploi.
Renseignements (en semaine) : Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin
Le Vrétot, église Notre-Dame-des-Anges, panneau sculpté et peint de la
Donation du Rosaire (détail)
Dans le cadre du cycle devisites « A l’ombre des clochers », le Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin propose, le 28 août prochain, une visite guidée consacrée à « L’église du Vrétot et le manoir de Lanquetot ».
L’église Notre-Dame-des-Anges du Vrétot a été entièrement reconstruite au cours du XIXe siècle. Les travaux entrepris en 1867 à l'initiative de l'abbé Désiré Renouf, furent menés très promptement, en même temps que la construction du presbytère et des nouvelles écoles. Mais ces projets, jugés fort coûteux, suscitèrent d'âpres contestations et provoquèrent un conflit virulent au sein de la petite communauté villageoise…
A la suite de l’église, les visiteurs seront invités à découvrir le manoir du Lanquetot, une imposante demeure, dont la dénomination évoque son lien avec les diasporas scandinaves de l'époque Viking. Plusieurs des familles ayant vécu en ce lieu ont laissé des traces encore sensibles de leur passage, depuis la famille de Lanquetot, attestée au XIIIe et XIVe siècles, jusqu’aux Hervieu et aux de Camprond qui s’y succédèrent ensuite. Guidant le regard des visiteurs dans la recomposition archéologique de cette longue histoire, le guide-conférencier s’efforcera de détailler chacune des phases de construction de ce très bel édifice.
Cette visite guidée débutera à 15h00.
Le rendez-vous est fixé à l’église du Vrétot
Les tarifs sont de 4 € pour les adultes, 2,00 € pour les étudiants.
Gratuit pour les moins de 18 ans.
Déplacements sur site en véhicules individuels.
Renseignements : Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin (en semaine).
A l’initiative de l’Association pour la Restauration de l’Ancienne Abbaye et du Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin, l’ancienne abbaye bénédictine royale de Valognes (actuel hôpital) accueillera, en date du mardi 28 août prochain, un concert exceptionnel proposé par l’ensemble « Sarum Voices ».
Ce choeur britannique, établi auprès de la cité épiscopale de Salisbury est un ensemble semi professionnel, fondé à la fin des années 1990 sous la direction du musicien et compositeur Ben Lamb. Son répertoire explore des thèmes de musiques sacrées et profanes issues de multiples horizons. Cet ensemble, bien connu outre-Manche, a réalisé au cours des années 2010 plusieurs enregistrements remarqués, et s’est produit sur le continent au cours de tournées européennes.
Le répertoire proposé, où dominera la musique sacrée du XVIIe siècle (J. S. Bach ; G. F. Haendel...), trouvera dans la splendide église baroque de l’ancienne Abbaye bénédictine royale de Valognes un cadre tout à fait approprié.
Ce concert ouvert à tous, d’accès libre et gratuit, donnera lieu à une quête au profit de la restauration de l’édifice, dont le projet est porté par l’ARCA (Association pour la Restauration de l’Ancienne Abbaye).
Le Concert débutera à 20h30
Accès libre et gratuit/ sans réservation préalable
Renseignements : Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin
Exposition proposée par la Conservation des Antiquités et Objets d’Art de la Manche, en partenariat avec le Pays d'art et d'histoire du Clos du Cotentin, à l’abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte
DU 15 JANVIER AU 20 NOVEMBRE 2018
L’EXPOSITION :
Les œuvres exposées sont d’une part, des dépôts faits par les communes, d’autre part des objets des collections départementales.
Parmi elles, la statue de saint Gerbold, provenant de l’ermitage de Gratot, occupe une place particulière. L’intérêt de cette œuvre sera dévoilé au visiteur au fur et à mesure d’un parcours muséographique où les principales données qui permettent d’appréhender une sculpture sont explicitées.
Matériaux et techniques de taille, polychromie, commanditaires, ateliers de sculpture, iconographie sont autant de thèmes qui caractérisent une œuvre. Pour chacun de ces aspects, une ou deux sculptures sont choisies pour illustrer le plus simplement la notion abordée. Résolument didactique, cette exposition permettra à la fois de découvrir un aspect de la richesse du patrimoine départemental et de s’approprier ces «fragments d’histoire»….
La statue du saint évêque de Bayeux, qui guide le visiteur dans l’exposition, fut découverte lors des travaux de l’ermitage Saint-Gerbold à Gratot en 2002. Le bâtiment est une ancienne chapelle qui appartenait aux seigneurs de Gratot. Lieu insolite, il est propriété départementale depuis 10 ans. La sculpture qui était enterrée sous le dallage, fut retrouvée en plusieurs morceaux. Elle est aujourd’hui restaurée.
Les œuvres exposées, le plus souvent à l’état lacunaire, ont quitté leur lieu d’origine où elles ne trouvent plus – pour l’instant- leur place, soit à cause de leur état de conservation qui nécessite certaines précautions, soit parce que devenues témoignage d’une époque révolue, elles ont été au fil du temps oubliées, sujet à vandalisme voire enterrées dans les cimetières.
MEDIATION
25 février à 15h00 : visite guidée par le Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin.
Programme des visites guidées de la saison estivale, à venir
Visite guidée pour les groupes sur demande (CAOA ou Pays d’art et d’histoire)
Cycle de conférences proposées par le Pays d’art et d’histoire « Le Clos du Cotentin » (RDV 18h30 sur place)
Jeudi 15 mars à 18 h 30
La statuaire religieuse de la fin du moyen-âge en Cotentin (J. Deshayes, PAH)
Jeudi 12 avril à 18 h 30
La statuaire religieuse de la renaissance en Cotentin (J. Deshayes, PAH)
Jeudi 17 mai à 18 h 30
Restaurations de statuaire médiévale dans le département de la Manche, quelques exemples récents (E. Marie, CAOA)
Jeudi 7 juin à 18 h 30 :
Les saints dans nos églises : leurs attributs et leur culte populaire (B. Galbrun, CAOA)
Ateliers taille de pierre et visites scolaires : (gratuits pour les établissements scolaires de la commune).
Contacter le Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin (02 33 95 01 26)
La maison correspondant à l’actuel presbytère de Saint-Sauveur apparaît pour sa première mention attestée dans le testament de Jean III Desmaires (né vers 1577, fils de Vincent Desmaires), qui laisse à sa mort, survenue le 10 novembre 1628 (en plus du manoir Desmaires, du manoir des Bréholles, du Quesnay de Golleville, et autres fiefs), « deux maisons scises au bourg de Sainct-Sauveur valant 30 liv. de revenu par an »[1].
Cette part de son héritage revint alors à son fils aîné, Jean-François Desmaires (c. 1621-1651), qui y faisait semble t-il sa résidence principale.
On trouve sur l’hôtel Desmaires de Saint-Sauveur une mention intéressante dans les actes du procès judiciaire d'un certain La Vallée, dit du Bocage, tenu en la juridiction du lieu au mois de mai de l’année 1662. La Vallée, de son vrai nom Gilles Terrier, était originaire du Mesnil-Amey où il avait travaillé comme menuisier, « s’occupant à l’occasion de peinture, comme l’indique encore la litre ou peinture de deuil du sieur de Montané, peinte pour lui autour de l’église de cette paroisse ». Fuyant pour dette, il avait laissé derrière lui une épouse et deux enfants en bas-âge. Ensuite employé comme « coureur des tailles » par le receveur de Valognes, il fut jugé une première fois vers l’an 1650 pour détournement de fonds par les juges de Saint-Sauveur, et mis dans les prisons du lieu. C’est alors, qu’ayant gravé un plat d’étain appartenant au capitaine Jean-François Desmaires, il fut remarqué par ce dernier, et se trouva ainsi employé à son service. « La Vallée peignit la haute salle de son maître, crayonna toute sa vaisselle ; il était également habile à graver l’étain, le cuivre et l’argent » ; également enlumineur (ou restaurateur de manuscrits anciens), joueur de viole et de violon, agissant aussi comme procureur du sieur Desmaires dans ses procès. Après la mort de Jean-François Desmaires, en 1651, La Vallée est placé à Picauville, chez le sieur d’Héroudeville-le-Courtois. A nouveau pris pour vol, il est condamné au bannissement hors de la province à perpétuité. Il revint cependant dans la région, travaillant en particulier pour les églises de Beuzeville-au-Plain, Montebourg, Houesville, Moon-sur-Elle, Cartigny. « Pour les églises de ces trois dernières paroisses, il fit des contretables qu’il décora de tableaux de sa composition. Il interrompait ses travaux d’artiste quand on l’appelait pour jouer de la viole, pour saigner ou pour purger les malades »[2].
En date du 12 juillet 1655, après le décès de Jean-François Desmaires sa veuve, Marie Gosselin, revendait pour 6000 livres l’une de ces deux maisons. Elle agissait alors au nom de ses enfants mineurs qui « vraysemblablement l’eussent vendue à leur majorité » (ces enfants mineurs étaient Gaspard, Marie et Marguerite Desmaires). La propriété est alors décrit comme : « une maisons scise au bourg dudit Saint-Sauveur appartenante audits enfants mineurs, ou ledit feu sieur (J.F.) Desmaires faisoit sa résidence de son vivant…le tout jouxte Mes François et Denys Fromont, prêtres, lesdits sieurs Srs de Hautmesnil et d’Auvers, les représentants du feu Sr de Launay Blondel, le cimetière de l’église et le pavé du bourg dudit St-Sauveur, la place de devant ladite église et le pavé du bourg dudict Saint-Sauveur » [3]. Cette description correspond bien à la localisation du presbytère actuel.
Façade sur rue.
Il est assez inattendu de constater que la vente de la demeure consentie par Marie Gosselin en 1655 concernait non à un particulier mais la communauté des « révérendes et dévotes dames religieuses du monastère de la Visitation de Sainte-Marie dudit Saint-Sauveur ». La communauté de sœurs de la Visitation, un ordre fondé par Jeanne de Chantal en 1610, n’eut en effet qu’une existence très éphémère à Saint-Sauveur. On sait d’après la correspondance de Jeanne de Chantal[4] et plusieurs autres sources historiques[5] que cette fondation connut un début de réalisation en 1654, à l’initiative de Damoiselle Jeanne Fréret de Saint-André (fille de maitre Jacques Freret, sieur de Saint-André, conseiller du roy enquêteur en la ville de Valognes), qui avait participé avec ferveur à la mission de saint Jean Eudes à Saint-Sauveur en 1643. A son instigation, le 3 aout 1654, les habitants de Saint-Sauveur donnaient leur consentement afin « d’establir dans le bourg de ce lieu de Saint-Sauveur un monastère de filles de la Visitation de Sainte-Marie en tel lieu et endroit qu’ils pourront acquérir et qui leur sera propre et convenable pour servir Dieu », estimant « qu’un tel monastère sera advantageux non seulement pour l’ornement dudit bourg mais encore pour le bon exemple de piété et de dévotion qu’elles donneront aux habitants ». Avant de racheter la propriété des Desmaires, les visitandines de Caen avaient déjà acquis d’Avice Jourdan, sieur du Mesnil, une vaste propriété située dans le haut du bourg. Le choix de la maison Desmaires se justifiait probablement par son caractère plus central et sa proximité de l’église paroissiale.
Peu de temps après qu’elles aient acheté cette maison, les visitandines quittaient cependant Saint-Sauveur et devaient donc se décharger des biens qu’elles y possédaient. Il apparaît ainsi que Marie Gosselin, veuve de Jean-François Desmaires, avait récupéré la maison vendue par elle-même quelques années plus tôt ; elle y résidait en 1708 et décéda l’année suivante « dans sa maison du bourg de Saint-Sauveur ».
Façade sur cour de l'actuel presbytère
Le partage de sa succession, effectué le 1er avril 1710, provoqua une nouvelle partition de l’édifice primitif en deux lots, qui furent attribués respectivement à Jean-Hervé Mangon, époux de Marie Desmaires, la fille aînée de Marie Gosselin, et à Marguerite Desmaires, sa cadette. Marguerite Desmaires, épouse de Jacques d’Harcourt, résidait ainsi dans la maison correspondant à l’actuel presbytère lors de sa mort, survenue en juillet 1735[6]. Elle y demeurait à cette date en compagnie de l’une des ses filles, Marie-Anne d’Harcourt, qui y occupait un appartement donnant sur la cour. Les autres enfants de Marguerite et Jacques III d’Harcourt, Guillaume né en 1674, Marie-Marguerite, née en 1675, Jean-François, né en 1678, François, né en 1679, Marie Agnés, née en 1680 et Marie-Thérèse née en 1683, tous baptisés à St-Sauveur, semblent également avoir résidé avec leurs parents dans la maison du bourg.
Jacques III d’Harcourt, ayant renoncé à la succession de son épouse, il apparaît cependant que la maison de Saint-Sauveur ne fut pas transmise à ses propres enfants mais à la fille aînée de Marguerite Desmaires, Marie-Gabrielle Poerier, qui était née d’un premier mariage contracté en 1655 avec René Poerier. Ayant épousé Jean-François d’Anneville de Chiffrevast, Marie-Gabrielle Poerier transmit ainsi la demeure à cette puissante famille du Cotentin. Etant déjà bien pourvu en propriétés, disposant en particulier du château de Chiffrevast et d’un hôtel à Valognes, Jean-François d’Anneville ne vint pas cependant résider à Saint-Sauveur. Il laissa la jouissance de la maison du bourg à Marie-Anne d’Harcourt qui en payait la location et y résidait toujours à sa mort, survenue le 4 mars 1751.
On ignore encore par quelle biais cette maison revint ensuite à une autre famille de Saint-Sauveur, les Davy de Boisval, qui possédait à Saint-Sauveur le petit manoir du Grippois. L’un d’eux, Jean-Gabriel Davy, sieur de Boisval, fils aîné de maître Jacques Davy, était avocat au parlement. Il figure en 1765 parmi les trois échevins siégeant à l’hôtel de ville et vivait toujours en 1782
Le fait est qu’au début du XIXe siècle l’un de ses descendants, Pierre Davy-de-Boisval, un ecclésiastique actif et engagé, en était le propriétaire. C’est lui qui, en 1827 proposa à la commune de Saint-Sauveur de lui céder « la maison a lui appartenante, touchant à l'église ainsi que les jardins et pièces de terre y attenantes » afin d’y établir son nouveau presbytère.
La proposition fut jugée très avantageuse, les élus estimant en particulier, lors de la séance du 10 avril 1827, que « dans cette propriété on y trouve l'agrandissement du cimetière actuel trop petit et dont on a cherché depuis longtemps et infructueusement un terrain convenable pour en former un nouveau. De plus un superbe bâtiment présentant tous les avantages que l'on peut désirer pour servir à un presbytère »[7]. En revanche, ces mêmes élus signalaient aussi le mauvais état de la maison servant antérieurement de presbytère, « une vieille masure dont la propriété et plutôt onéreuse à la commune qu'avantageuse en raison des grandes réparations à y faire pour ne pas dire qu'elle devrait être rebâtie de nouveau ». Soulignons que cette maison fut alors estimée à une valeur de 15000 f mais que la somme payée à Davy de Boisval fut seulement arrêtée à 7400 f.
Architecture
Si la réfection du hangar correspondant à la remise en dépendance est signalée en 1830, il ne semble pas en revanche que la maison presbytérale ait subit, du moins extérieurement, d’importantes modifications au cours des XIXe et XXe siècles. Il s’agit d’une construction relativement vaste, qui se développe sur huit travées et deux niveaux d’habitation. Plusieurs ouvertures de la façade sur rue ont conservé des meneaux à chanfreins, vestiges d’une demeure Renaissance dont il subsiste aussi une cheminée monumentale, située au rez-de-chaussée de l’édifice. La hauteur de cette habitation du XVIe siècle étant moindre que la construction actuelle, on peut également retrouver sous les combles, sur la souche de cheminée du mur pignon occidentale, la trace des larmiers de son ancienne couverture. Il semble que de premières modifications furent apportées à l’édifice dans la première moitié du XVIIe siècle, date vraisemblable de l’établissement des fenêtres de combles à décor de conques donnant sur la cour et du percement des grandes fenêtres, initialement pourvues de meneaux, qui subsistent aujourd’hui. La charpente actuelle (qui présente quelques signes de pourrissement préoccupants), appartient principalement à cette période et l’on repère aussi dans l’édifice quelques huisseries anciennes. Il apparaît que d’autres modifications sont encore intervenues à une date proche de 1700, incluant le portail charretier de la façade sud, la porte d’entrée actuelle et d’autres ouvertures de la même façade. On trouve intérieurement plusieurs manteaux de cheminées dans le style du XVIIIe siècle valognais, appartenant aussi à cette phase de construction, ainsi probablement que l’escalier en pierre, malheureusement massacré au XIXe siècle. D’autres travaux semblent être intervenus dans les années 1950, dont le détail pourrait sans doute se retrouver dans les archives de la Reconstruction.
Notons que l’extension de la demeure primitive, telle que divisée au XVIIIe siècle, se repère encore assez facilement dans le parcellaire actuel.
Décor de corniche en stuc avec putti parmi des bouquets de fleurs. Le même motif se retrouve au début du XVIIIe siècle au presbytère de Bricquebec et à l'hôtel de Chantore, à Valognes.
J. Deshayes/Pays d'art et d'histoire du Clos du Cotentin/2017
[1] André DUPONT, « Les Desmaires de Saint-Sauveur-le-Vicomte (1428-1710) », Revue de la Manche, t. VII, fasc. 27-28, octobre 1965, p. 109.
[5] Françoise LAMOTTE, « Les Femmes du XVIIe et la tentation monastique », Revue de la Manche, fasc 75, 1977, p. 154
[6] Marguerite Desmaires déposa comme témoin c. 1675 dans le procès intenté contre Guillaume Simon, dit Varreville, prêtre, ancien religieux de l’abbaye voisine. Elle attesta en particulier que ce dernier, ayant suspendu un enfant par les cheveux au plancher de sa maison « fist rougir une palette au feu, de laquelle toutte rouge, il luy grilla le derrière ». (R. VILLAND, in, SAHM 3e série, 1974, p. 236)
[7] Registres des délibérations, archives communales.
Les historiens qui s'intéressent aux guerres de Religion dans la province de Normandie ont sûrement gardé en mémoire le témoignage poignant donné par Gilles de Gouberville sur les évènements tragiques survenus à Valognes durant le mois de juin 1562. Les prémices du drame sont rapportés au seigneur du Mesnil-au-Valle dimanche 7 au soir par ses serviteurs, relatant qu'ils "ouyrent sonner le toquesainct à Vallongnes et à Alleausme". Des précisions sur les causes de l'alerte parviennent au manoir le lendemain après-midi : "Led. jour, la relevée, on me dist que, hier soyer, sur les cinq heures, il y avoyt heu à Vallongnes une si grande esmotion populayre qu'on avoyt tué le sieur de Houesville, le sieur de Cosqueville, maistre Gilles Mychault, médecin, Gilles Louvet, tailleur, Robert de Verdun et Jeban Giffart dict Pont-1'Évesque, et plusieurs blessés, et les maisons de Cosqueville pillées et destruyctes, et que les corps des detfuncts estoyent encor en la rue ce jourd'huy apprès mydi, où les femmes de Vallongnes venoyent encor donner des coups de pierre et de baston sur lesdits corps, et fut dict aussy que la maison de maistre Estienne Lesney, esleu audit Vallongnes, sieur de Haultgars, avoyt esté pillée et destruycte. Charlot partit sur les deux heures pour aller à Vallongnes sçavoir an certain ce que dessus et revinst apprès soleil couché, et me dist que tout ce que dessus estoyt vray, et que le peuple de Vallongnes estoyt grandement courroussé".
Cet extrait du Journal des Mises et receptes de Gilles de Gouberville trouve un écho précis dans un autre témoignage contemporain, consigné par Théodore de Bèze dans son Histoire ecclésiastique des églises réformées au Royaume de France, ouvrage publié à Genève en 1580. L'affaire du "cruel massacre de Valognes" y est développé sur plusieurs pages, contenant des informations parfaitement concordantes avec celles données par Gouberville. De Beze nous délivre en particulier l'identité des instigateurs de cette "émotion populaire", des officiers papistes (Laguette, Cartot, le procureur du roi) oeuvrant depuis plusieurs semaines à armer les prêtres et à barricader les carrefours de la ville. Il nous donne la chronologie exacte des évènements, qui débutèrent pas la convocation d'une "montre", c'est à dire une sorte d'inspection ou de revue militaire du peuple en arme. Il indique aussi quel fut le déclencheur des évènements : une simple rixe opposants des "garnements" devant le temple, puis une sonnerie de cloche destinée à donner le signal du massacre. Il indique alors comment, "ceux de la religion romaine accourant en armes" assaillirent la maison du dénommé Etienne Lesnay, toute proche du temple où se rassemblaient les protestants, pour en assassiner les occupants. Les noms des victimes donnés par de Beze (les sieurs d'Houesville et de Cosqueville, Gilles Michaux, médecin, Gilles Louvet, Jean Guyfart et Robert de Verdun, avocats ) corroborent bien la liste fournie par Gouberville, ainsi que la description des sévices monstrueux que l'on fit subir aux défunts : " Les corps furent dépouillés et étendus sur le pavé, auxquels il se trouva quelques femmes avoir arraché les yeux avec des épingles. Mais singulièrement est à remarquer le zèle des prêtres qui fourraient en leurs bouches et en leurs plaies avec la pointe de leurs hallebardes, des feuillets d'une Bible trouvée chez ledit Elu, disant à ces pauvres corps qu'ils prêchassent la vérité de leur Dieu, et qu'ils l'appelassent à leur aide".
A côté de ces comportements barbares, de Beze fait aussi état, parmi la population valognaise, de personnes modérées, cherchant jusqu'au dernier moment à éviter le conflit, s'efforçant au paroxysme de la violence d'aider les victimes et de sauver des vies. Un nom nous est donné, celui d'Etienne Troude, "un honorable marchand de la religion romaine, mais au reste, homme paisible" qui s'empressa d'ouvrir sa demeure aux persécutés et "les y tint cachés, et par ce moyen, y furent sauvées dix-huit personnes, tant hommes que femmes". Voici donc apparaître un individu dont l'humanisme et le courage furent rééllement exemplaires. La figure d'un modeste inconnu, exhumée du passé grâce à deux lignes seulement d'un vieil incunable, mais dont l'attitude incarne probablement ce qui existe de plus élevé au sein de notre humanité. Le marchand Etienne Troude fut en son temps un "juste", au même titre que ces français qui, sous le régime de Vichy, s'efforcèrent au péril de leur vie de cacher des juifs menacés de déportation. Depuis le lointain passé de son existence oubliée il nous offre le modèle d'un esprit assez fort pour ne cèder ni au "courroux" ni à "l'esmotion populayre". Son exemple reste hélas actuel pour chacun de nous, qui devons toujours faire face aux expressions les plus violentes de la radicalité politique et de l'intolérance religieuse.
On serait naturellement heureux de mieux connaître la vie et la personnalité de cet honorable commerçant valognais de la Renaissance, et de glaner à son sujet d'autres informations biographiques. Le Journal de Gilles de Gouberville nous y aide un peu car il mentionne plusieurs rencontres avec ledit Etienne Troude lors de déplacements à Valognes. Le seigneur du Mesnil-au-Val était pour ainsi dire un habitué de la boutique de mercerie de luxe où Troude écoulait l'"estamet", le "camelot", le "bureau", le drap d'Espagne, le velours, le "satin noyr", et autres précieuses étoffes. C'est chez Etienne Troude que Gouberville vient acheter, en février 1556, les tissus destinés à confectionner la robe et à remplir le trousseau de mariage de sa soeur Guillemette. C'est à lui également qu'il confie parfois ses travaux de coutures, le convoquant au besoin en son manoir pour faciliter la commande. Gilles de Gouberville était un client difficile. Il arrive qu'il refuse de retirer du magasin des commandes qui "n'estoyent à son gré" ou qu'il en différe le paiement durant plusieurs semaines. Pour les tissus précieux destinés au mariage de Guillemette c'est en boisseaux de blé et en têtes de bétails qu'il choisit de règler ses achats.
Le commerce valognais d'Etienne Troude était apparemment assez florissant. En plusieurs occurences, il est question du serviteur qui l'accompagnait dans ses déplacements, et aussi des voyages accomplis par ses deux fils (Thomas et Michel) en direction de Caen, Rouen ou Paris, sans doute pour l'achat des stocks de produits textiles qui étaient ensuite revendus à Valognes. Son rang était suffisamment élevé au sein de la petite société locale pour lui permettre de partager les repas des officiers et des autres représentants des élites urbaines. Ce que démontre aussi la lecture du Journal de Gilles de Gouberville est qu'Etienne Troude ne cessa pas, malgré son implication en faveur des huguenots, de résider et d'exercer à Valognes au cours des mois troublés qui suivirent le massacre. C'est bien en "homme paisible" qu'il répparait dans le Journal, en date du 9 octobre 1562, à l'occasion de la foire de Brix.
J. Deshayes/Pays d'art et d'histoire du Clos du Cotentin/21/12/2017.
Dans le cadre de son cycle des conférences d’histoire locale, le Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin proposera, jeudi 14 décembre prochain, une conférence intitulée « L’art de bâtir son hôtel à Valognes au XVIIIe siècle »
Célébrée jadis comme un « petit Paris », Valognes a vu s’édifier au XVIIIe un nombre considérable d’hôtels particuliers, destinés aux familles de l’aristocratie locale et aux membres de la bourgeoisie d’office, alors en pleine ascension. La conférence proposée jeudi s’intéressera plus particulièrement aux conditions matérielles de leur construction. En nous fondant sur une observation approfondie de ces demeures et des archives qui s’y rapportent, nous tenterons aussi bien de traiter la question de la pierre à bâtir, des enduits et des charpentes, que celle de la ferronnerie d’art, des boiseries, des décors peints et des stucs. Nous essaierons ce faisant de mieux distinguer le rôle respectif des commanditaires et des architectes et/ou des maîtres maçons dans le suivi de ces chantiers.
Cette intervention d’une durée d’environ 1h15 sera animée par Julien Deshayes, historien de l’architecture, directeur du Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin.
Le rendez-vous est fixé à 18h30 à l’hôtel Dieu de Valognes (rue de l’hôtel-Dieu).
Les tarifs sont de 4 € pour les adultes, gratuit pour les étudiants, les personnes sans emploi ou sans le sou, les moins de 18 ans et les canaris des Bermudes.
Renseignements : Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin (en semaine)
Dans le cadre du cycle de visites des Dimanches du Patrimoine, le Pays d’art et d’histoire proposera, le dimanche 3 décembre prochain, une visite-conférence, consacrée à l’église Saint-Malo-de-Valognes.
Principale église de la ville, Saint-Malo-de-Valognes est aussi devenue l'emblème de son martyr et de sa Reconstruction, après les dramatiques destructions de la dernière guerre mondiale. Cette conférence à deux voix débutera par une projection d'images anciennes, permettant de retracer l'histoire de l'édifice et des trésors d'art religieux qu'il abritait. A la suite de cet exposé, la présentation de l'église reconstruite par l'architecte Yves-Marie Froidevaux sera animée par M. Gilles Plum, historien de l'architecture, l'un des principaux spécialistes français de la Reconstruction de l'après-guerre. Afin de conclure en beauté cette sortie hivernale, un récital sera offert aux visiteurs sur l'orgue de Saint-Malo par un jeune et talentueux compositeur et interprète normand, M. Guillaume Lechevallier-Boissel, déjà reconnu parmi les talents les plus prometteurs de sa génération.
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Ce site présente les actualités proposées par l'équipe du Pays d'art et d'histoire du Clos du Cotentin. Il contient également des dossiers documentaires consacrés au patrimoine et à l'histoire de Valognes, Bricquebec et Saint-Sauveur-le-Vicomte.