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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 16:35
Valognes, la maison du Grand-Quartier, actuel musée régional du cidre

L’édifice qui abrite aujourd’hui le Musée régional du cidre était anciennement connu à Valognes sous le nom du « Maison du Grand quartier », du fait qu’elle accueillit au XVIIIe siècle une caserne servant à loger les troupes de cavalerie.

Il s’agit d’une vieille demeure datant de la Renaissance, qui fut bâtie initialement pour abriter l’atelier et la demeure d’un artisan teinturier. L’identité de cet artisan, le dénommé Jean Frollant, nous est révélée par le Journal de Gilles de Gouberville, seigneur du Mesnil-au-Val, qui s’adressait à lui dans les années 1550 pour teindre ses draps, ses laines ou les rideaux de courtine de la chambre de son manoir. Sur place, on trouve encore en rez-de-chaussée une vaste salle voutée et semi-enterrée qui servait d’atelier. Celle-ci est équipée d’un petit judas qui permettait au maître de surveiller ses ouvriers depuis son office situé à l’étage. Dans l’âtre d’une très grande cheminée disparue subsistent les traces des fosses maçonnées qui servaient à loger les cuves destinées aux bains de teinture. A la mort de Jean Frollant, survenue en octobre 1589, « les chaudières et tonnes servantes pour les eaues dont l’on use audit estat de taincture » furent inventoriées puis partagées entre ses héritiers.

Les plans anciens de Valognes montrent que la maison du Grand quartier, accolée à la rivière sur l’arrière et ayant un pignon sur le passage à gué du Vey-Salmon (actuel pont Saint-Georges), possédait jadis une petit aile en retour ainsi qu’une cour au devant, qui refermait presque totalement la rue Pelouze. En dépit de la destruction de ses anciennes dépendances, l’édifice a conservé l’essentiel de ses volumes et de ses dispositions anciennes. Abritant quatre pièces par niveau, il possède deux étages d’habitation plus un étage de combles, tous desservis par un unique escalier en vis qui est logé dans une tour hors-œuvre, elle-même plantée sur le lit la rivière. Les maçonneries sont faites d’un beau calcaire gris local et les intérieurs conservent plusieurs cheminées monumentales, dont certaines ont été refaites avec élégance au milieu du XVIIe siècle. Certaines des fenêtres à traverses et meneaux qui éclairent la demeure présentent la particularité assez rare d’être équipées d’appuis et linteaux avec des rainures permettant de faire coulisser des volets mobiles. La façade sur rue, qui semble onduler en épousant le tracé du cour d’eau, est également ornée d’un larmier qui vient surligner les baies du rez-de-chaussée. Cette construction de belle qualité, comparable par ses proportions à un petit manoir rural, témoigne de la prospérité économique des artisans valognais de la Renaissance.

(J. DESHAYES/ pah Clos du Cotentin janvier 2016)

Maison du Grand-Quartier, façade sur la rue Pelouze

Maison du Grand-Quartier, façade sur la rue Pelouze

La Maison du Grand-Quartier sur le plan Lerouge de 1767

La Maison du Grand-Quartier sur le plan Lerouge de 1767

Valognes, la maison du Grand-Quartier, actuel musée régional du cidre
Valognes, la maison du Grand-Quartier, actuel musée régional du cidre
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4 janvier 2016 1 04 /01 /janvier /2016 13:15
MA Servant exécutant le portait de Dom Vital
MA Servant exécutant le portait de Dom Vital

Dimanche 10 janvier prochain, le Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin propose en l’abbaye de la Trappe de Bricquebec une conférence consacrée à « La vie culturelle et artistique à l’abbaye de la Trappe de Bricquebec ».

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Fondée en 1824 à l’initiative du père Dom Augustin Onfroy, l'abbaye Notre Dame de Grâce prit au XIXe siècle un essor remarquable, tant sur le plan spirituel que dans le domaine économique. Son église abbatiale fut élevée en 1834 sur les plans de l'abbé Robert (1804-1885), ancien ingénieur de la Marine à Cherbourg. Il s'agit de l’un des premiers édifices religieux de style néo-gothique élevés en France. D’autres projets de reconstruction du monastère furent ensuite envisagés, à une échelle tout à fait considérable, mais ils n’ont pas été réalisés. Exécutée plus récemment, la mise au goût du jour de la décoration intérieure de l'église relève d'un style contemporain à la fois sobre et audacieux. Plusieurs personnalités marquantes du monde littéraire séjournèrent à la Trappe, tel Pierre Loti (auteur en particulier du roman « Pêcheurs d’Islande »), qui était alors jeune officier de Marine en garnison à Cherbourg. Robert Valléry-Radot (1885-1970), écrivain catholique grand ami de Bernanos et de Mauriac, se retira à la Trappe à la fin de sa vie; sous le nom de Père Irénée, il publia divers ouvrages, consacrés en particulier à Bernard de Fontaines, abbé de Clairvaux au XIIe siècle. Son ami, le critique André Billy (1882-1971), membre de l'Académie Goncourt, l'y visita, ainsi que le jeune Dominique de Roux. Plusieurs autres moines, par leur formation initiale, ont appartenu au monde intellectuel et ont publié des ouvrages, articles et essais. Parmi les artistes, plusieurs personnalités ont également été séduites par l’aventure des trappistes de Bricquebec, dont le célèbre aquafortiste valognais Félix Buhot, illustrateur des œuvres de Barbey d’Aurevilly, qui y vint en retraite dans sa jeunesse et déclara n’avoir cessé depuis de voir apparaître à ses côtés un mystérieux moine noir… Les superbes vues de l’abbaye exécutées vers 1850 par Auguste Maugendre ou bien les truculents portraits des frères pris sur le vif par Adrien Servant dans les années 1920 témoignent aussi de l’attrait des peintres pour ce lieu consacré à la méditation spirituelle. Cette conférence richement illustrée sera animée par M. Bruno Centorame, historien de l’art, et débutera à 15h00.

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RV sur place, à l’accueil de l’abbaye

Tarif adultes : 4 € ; étudiants et chômeurs : 1,50 € ; gratuit pour les moins de 18 ans.

Pour tous renseignements complémentaires,

Contactez le Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin au 02 33 95 01 26

pah.clos.cotentin@wanadoo.fr

(En semaine)

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2 décembre 2015 3 02 /12 /décembre /2015 15:46
Conférence : Adeline et Paul Bony, maitres verriers de la Reconstruction

Dimanche 6 décembre prochain, le Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin propose en l’abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte une conférence consacrée à « Adeline et Paul Bony, maîtres verriers de la Reconstruction ».

Paul Bony et son épouse, née Adeline Hébert-Stevens, ont œuvré durant la Reconstruction de l’après guerre dans de nombreuses églises du département de la Manche. Créateurs issus de familles comptant des personnalités de peintres et d’architectes illustres, tous deux ont travaillé au contact étroit des plus grands artistes de leur temps, tels Henri Matisse, Georges Braque ou Jean Cocteau. Particulièrement recherchés, ils ont produit pour la seule Normandie plus de mille vitraux, mais ont aussi exercé leur art dans tout le reste de la France ainsi qu’à Paris, où Paul Bony avait réalisé dès les années 1930 plusieurs commandes religieuses. Produisant un art ou se mêlent les créations figuratives et géométriques, ils conjuguent aussi bien dans leurs œuvres l’héritage des Nabis et l’influence du cubisme que celle des primitifs italiens. Amoureux du Cotentin, Paul et Adeline Bony possédaient une maison dans la Hague, où, ils aimaient à venir durant les vacances d’été. Cet attachement pour notre région explique pour partie la qualité et la quantité impressionnante de leurs créations manchoises, avec plus d’une centaine d’œuvre inventoriées entre Siouville et Tollevast jusqu’à Hébecrevon, Granville ou Agon-Coutainville. Si l’église paroissiale de Saint-Sauveur-le-Vicomte se distingue par ses remarquables verrières de Paul Bony, il faut rappeler ici que son épouse, Adeline, concevait pour sa part un attachement particulier pour la série des vitraux qu’elle produisit pour l’église des sœurs de Marie-Madeleine Postel, en l’abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte. Cette conférence richement illustrée sera animée par M. Bruno Centorame, historien de l’art, et débutera à 15h00.

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RV sur place, à l’accueil de l’abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte

Tarif adultes : 4 € ; étudiants et chômeurs : 1,50 € ; gratuit pour les moins de 18 ans.

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Pour tous renseignements complémentaires,

Contactez le Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin au 02 33 95 01 26

pah.clos.cotentin@wanadoo.fr

(en semaine)

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16 novembre 2015 1 16 /11 /novembre /2015 15:54
Valognes sous Louis XIV (1638-1715): bilan d’un règne

S’enorgueillissant de son appellation touristique de Petit Versailles Normand, la ville de Valognes a conservé, malgré les terribles destructions de la seconde guerre Mondiale, l’image d’une cité aristocratique prospère, dotée d’un exceptionnel patrimoine de demeures nobles. Parmi toutes les périodes de son histoire, c’est bien en effet le Grand siècle du Roi Soleil, qui ressort comme celle de son essor et de sa plus grande prospérité. Au-delà toutefois de la fascination que ne cesse (en particulier en cette année de commémoration) d’exercer la figure de Louis XIV, cette promenade illustrée dans le Valognes du XVIIe siècle nous conduira à nuancer assez fortement la représentation que l’on se fait habituellement de son règne. Si l’afflux d’une noblesse de plus en plus nombreuse et la multiplication des titres et des offices conférés à la bourgeoisie ont alors permis à la ville d’affirmer son statut de petite capitale aristocratique, elle connaît dans le même temps de graves difficultés économiques et un étouffement progressif de son activité artisanale. Son rôle de place militaire, encore déterminant lors des guerres de la Fronde (1649), se voit bientôt restreint en raison de la destruction du château, ordonnée par Conseil du roi en 1688. L'intervention de Vauban à Cherbourg et la Hougue, la mise en place d'un programme de fortifications littorales définissent dans le même temps une nouvelle organisation des défenses stratégiques du territoire. Valognes fonctionne dès lors comme le point de convergence des garnisons envoyées sur le littoral pour faire face aux menaces d'un débarquement anglais. Le logement des hommes de troupes, pesant sur les seuls bourgeois de la ville, accentue encore les difficultés auxquelles doit faire la population non noble ou exemptée. Alors qu’elle était devenue sous Louis XIII un centre religieux très actif, Valognes doit subir également la fermeture de son séminaire (1672) et la suppression de sa collégiale (1698). La révocation de l’édit de Nantes (1685) ravive par ailleurs l’intolérance à l’égard des familles protestantes et alimente un climat de tension, qui se manifeste aussi par le sordide procès en sorcellerie de la tristement célèbre Marie Bucaille. Principal apport du règne, la fondation d’un hôpital général, en remplacement de l’ancien hôtel Dieu médiéval, pose malgré tout question : Tandis qu’il s’agissait antérieurement de « sustenter, recueillir, loger et alimenter les pauvres personnes», la vocation du nouvel établissement s’avère davantage carcérale et répressive que proprement charitable. Si l’on souligne enfin la grande rareté, parmi les nombreux hôtels particuliers édifiés à Valognes, des constructions datant réellement du règne du Grand Roi, force est de parvenir à un bilan des plus mitigés. Reste toutefois, dans le domaine de la vie culturelle, le sentiment d’une belle effervescence, qui se manifeste en particulier par l’ouverture des fouilles archéologique des ruines romaines du quartier d’Alleaume et par l’éclosion des premiers écrits scientifiques et littéraires. Nous insisterons en ce sens sur l’un des traits les plus riants de la vie valognaise du Grand Siècle, celui d’une société féminine pleine de vivacité et d’esprit critique, sachant allier le charme et la coquetterie aux sorties comiques et aux persiflages les plus exacerbés.

Cette conférence s'est tenue au Centre culturel de l’hôtel Dieu de Valognes le dimanche 22 novembre 2015.

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5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 17:07

Nous avons découvert aujourd'hui le site "Jacques Travers remembered", consacré par d'anciens collègues américains à ce professeur de français du Brooklyn College (NY), originaire de Bricquebec, inhumé au cimetière de la Trappe, qui fut aussi un humaniste, un artiste talentueux et un croyant fervent, engagé durant sa vie dans dans de nombreux combats.

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Nous recommandons chaleureusement ce site, accessible à l'adresse suivante :

https://jacquestraversremembered.wordpress.com

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26 août 2015 3 26 /08 /août /2015 11:49
Dyptique V, cl. Eric-Georges MICHEL

Dyptique V, cl. Eric-Georges MICHEL

Autel, cl. Eric-Georges MICHEL

Autel, cl. Eric-Georges MICHEL

Chemin intérieur I, cl. Eric-Georges MICHEL

Chemin intérieur I, cl. Eric-Georges MICHEL

Eric-Georges Michel en cours d'installation à la chapelle Notre-Dame de la Victoire
Eric-Georges Michel en cours d'installation à la chapelle Notre-Dame de la Victoire

Eric-Georges MICHEL, artiste plasticien a réalisée l'exposition présentée à la chapelle Notre-Dame de la Victoire de Valognes lors des IXe "Dialogues du patrimoine religieux et de la création contemporaine" des 19 et 20 septembre 2015.

Présenté sous le titre "Eléments, Terre et Ciel, fragments de cheminement", son travail propose un itinéraire symbolique, faisant échos à la traversée pérégrine de la baie du Mont-Saint-Michel, un environnement cher à cet artiste établi à Vains, non loin d'Avranches.

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"L'idée de rapporter à un pavage existant (celui de la chapelle, également un lieu de pèlerinage) des fragments de tangue prélevés in situ (baie du Mont), s'est imposé comme une volonté de fusionner ces deux matérialisations de cheminement" précise Eric-Georges Michel, qui souligne aussi que "Les dégradations chromatiques et formelles symboliques - du plus sombre au plus clair et du plus chaotique et confus au plus construit et épuré - tendent à accentuer cette marche vers la lumière".

"L'exposition-installation se présente sous la forme d'oeuvres tri et bi-dimensionnelles à appréhender linéairement en même temps que latéralement depuis l'entrée jusqu'au choeur de la chapelle.

Linéairement, au sol, un pavage constitué alternativement de photomontages numériques sur dibont et bas-reliefs en béton teinté (épreuves positives de tangue craquelée et de ribons).

Parallèlement, latéralement, en manière d'écho, une série de photomontages numériques et d'oeuvres lavissées sur papier proposées telles des stations (sortes d'étapes iconographiques nécessaires par lesquelles il convient de transiter), appuient ce cheminement tout en célébrant, en filigrane, l'intrinsèque "esprit de lieu" de la baie du Mont-Saint-Michel.

Tel un parcours initiatique, c'est donc à une réflexion à laquelle nous sommes invités via ce cheminement symbolique, suggestif d'éléments tout à la fois terrestres, maritimes et célestes, de l'obscurité à la clarté, des ténèbres à la lumière"

Eric-Georges MICHEL à la chapelle de la Victoire : IXe dialogues du patrimoine religieux et de la création contemporaine
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7 novembre 2014 5 07 /11 /novembre /2014 12:41

Cycle de formation en direction

des animateurs de TAP

 

La chanson traditionnelle en Cotentin

 

            Il existe encore, en bien des mémoires, des chansons traditionnelles tant en Cotentin quand dans le reste de la Normandie. Celles-ci ont passé les siècles jusqu’à nous, se transmettant dans les familles par le bouche à oreille. Délaissées depuis les années 1950 au profit des nouveaux répertoires diffusés par la radio, puis la télé, elles seraient tombées dans l’oubli si différentes associations, dont La Loure, ne s’étaient pas attachées à les recueillir et les sauvegarder. Au-delà, se pose l’enjeu de la transmission de ces chansons. Non pas par devoir mémoriel mais parce qu’elles sont un formidable matériau, qui plus est très bien adapté au jeune public.

 

            Chansons drôles, tristes ou ludiques, leurs thématiques se prêtent bien à des oreilles d’enfant quand on sait choisir son répertoire (car certaines chansons, avec des doubles niveaux de lecture, sont clairement plus tournées vers le public adulte !). Le fait qu’elles soient aussi associées à certains usages (chants de marche, de danse…) facilite leur approche pédagogique avec les enfants.

 

 

Un cycle de formation autour de la chanson traditionnelle

 

Objectifs :

  • appréhender et comprendre le monde des chansons traditionnelles
  • permettre à des enfants de découvrir une facette du patrimoine oral local
  • approcher des techniques pédagogiques pour transmettre ces répertoires

 

Contenu :

  • acquisition d’un répertoire de chansons traditionnelles et découverte des spécificités de celles-ci
  • travail sur les techniques vocales propres au chant traditionnel
  • au travers d’usages traditionnels de la chanson (marche, danse…), approche de pédagogies pour intéresser les enfants à la démarche
  • identification des ressources pour acquérir son propre répertoire

 

Formateur :

  • Yvon Davy : historien, collecteur, musicien, chanteur, il dirige l’association La Loure qu’il a contribué à fonder. Très bon connaisseur des chansons traditionnelles de Normandie et du monde francophone, il anime régulièrement des ateliers et stages de chant traditionnel.

 

Calendrier :

  • la formation est programmée sur un cycle de 5 séances s’échelonnant du mardi 24 février 2015 jusqu’au 24 mars 2015, de 10h00 à 13h00.
  • La formation dans les locaux du Pays d’Art et d’Histoire La Parcheminerie - 21, rue du Grand Moulin 50700 Valognes

 

Public :

  • guides conférenciers du Pays d’Art et d’Histoire intervenant dans le cadre des TAP
  • autres animateurs temps libre et intervenants intéressés par la démarche

 

Conditions :

  • la formation est gratuite, sur inscription préalable
  • l’inscription à la formation vaut engagement à la suivre dans son intégralité

 


 

L’association La Loure

 

 

            L’association La Loure, fondée en 1998, œuvre à recueillir, sauvegarder et valoriser les chansons, musiques et traditions orales sur l’ensemble de la Normandie (les deux régions administratives). Elle conduit des enquêtes de terrain un peu partout à travers la région auprès des personnes, souvent âgées, encore dépositaires de ces répertoires et savoirs. Elle révèle ensuite auprès d’une diversité de publics les formidables ressources et richesses de ce patrimoine oral au travers d’animations (veillées, randonnées chantées, bals, bals pour enfants…), formations (cours, stages de chant et pratiques instrumentales, formation à la conduite de l’enquête orale…) ou éditions (CD, ouvrages, recueils de répertoire, expositions…). En 2012, La Loure a également créé la base du patrimoine oral de Normandie pour rendre progressivement accessibles à tous les sources des traditions chantées (http://normandie.patrimoine-oral.org/).

         

            En 2014, La Loure a lancé l’opération Cotentin – Mémoire en chansons pour sauvegarder et valoriser les riches répertoires de chansons encore présents dans la presqu’île. Elle a, à cette fin, développé un partenariat spécifique avec le Pays d’art et d’histoire Le Clos du Cotentin et obtenu le concours de la Communauté de Communes du Cœur du Cotentin.

 

            L’association est soutenue par les Régions et DRAC de Basse et Haute-Normandie, les départements de la Manche, du Calvados, de l’Orne, de la Seine-Maritime et de l’Eure et par les villes de Vire et Fécamp. Elle est conventionnée avec les archives de la Manche et travaille étroitement avec une diversité de Musées et d’acteurs patrimoniaux et musicaux en région. Elle est par ailleurs Pôle Associé de la Bibliothèque Nationale de France pour son travail de mise à disposition des documents recueillis autour des traditions orales de Normandie.

 

 

Contact : Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin (tel. 02 33 95 01 26 / pah.clos.cotentin@wanadoo.fr)

 

 

 

Mettre les chansons traditionnelles au cœur des temps d’accueil périscolaires
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16 septembre 2014 2 16 /09 /septembre /2014 16:13
Actualité des recherches archéologiques sur la cité romaine d'Alauna (Valognes)

Alauna - Résultats du programme de recherches archéologiques 2014

Laurent PAEZ-REZENDE, Laurence JEANNE et Caroline DUCLOS

En juillet 2014, s’est déroulée la deuxième campagne de sondages sur l’agglomération gallo-romaine d’Alleaume, à Valognes (Alauna). Une vingtaine de tranchées ont été réalisées sur les 15 hectares, entre le plateau de la Victoire, le jardin archéologique des thermes et les abords du manoir du Castelet. Elles avaient pour objectifs de reconnaitre la présence et la nature des vestiges sur ce secteur nord de la ville, d'estimer plus finement son étendue et d’évaluer la densité de son occupation. Comme l'année dernière, les résultats se sont avérés particulièrement concluants.

Des résultats probants

A commencer par la confirmation que la ville d’Alauna est bien construite selon les règles générales appliquées en matière d'urbanisme antique, à savoir un réseau orthogonal de rues qui s'appuie sur deux grandes artères principales et structurantes : un axe nord-sud, dit cardo maximus et un axe est-ouest, dit decumanus maximus.

Ainsi, les sondages 2014 ont permis de révéler deux nouveaux tronçons de ce decumanus maximus. Le premier mis au jour dans les prairies des écuries Taranis, mesure 11 m de large et dispose d'une chaussée en galets. On y observe des réparations et des recharges en mortier ainsi que de profondes ornières creusées par le passage répété des charriots (cf photos). La chaussée, plutôt réservée au véhicule et animaux de transport, est bordée de chaque côté par un trottoir couvert par un portique. Le second tronçon, situé plus près du théâtre, a révélé un agencement de grosses dalles calcaires reposant sur un lit compact de moellons en calcaire très usés. (Cf photos). Cet aménagement imposant, de type voie dallée, est le deuxième exemple découvert en Basse-Normandie, après celle de la médiathèque de Lisieux. Il s’agirait d’un deuxième état de fonctionnement de la voie, exprimant peut-être la volonté d’embellir l’accès principal du théâtre.

D'autres voies, parallèles et perpendiculaires à ces deux axes majeurs, ont également été mises en évidence cette année. Elles viennent ainsi étoffer le plan du réseau des rues et le découpage des quartiers (insulae), révélés depuis 2012.

Dans certains de ces nouveaux espaces, on distingue les traces des maçonneries de plusieurs habitations qui disposent d'un plan complexe et compartimenté. Mais la plupart des pierres de ces bâtiments ont été récupérées, confirmant que l’ensemble du site a servi de carrière à ciel ouvert, dès son abandon et pendant plusieurs siècles. Ces habitations ont livré des fragments de vases en céramique, des verreries (flacons,…) et de nombreux objets en bronze (bague, fibules, charnières de coffres, clavette de roue, compas, monnaies,…). Cependant, sur les pentes situées entre les thermes et le théâtre, à l’approche des sources, il n’existe aucune trace de construction. Si les terrains sont bien traversés par des rues qui s’intègrent au quadrillage de la ville, ils sont simplement découpés, à l’aide de fossés, en parcelles non construites.

Une découverte majeure

En bordure ouest de la ville, près d’un four situé un peu à l’écart des habitations, plusieurs fragments de moules en terre cuite ont été collectés. Il s'agit de plaques présentant des lignes de cupules régulières, utilisées pour couler des flans en bronze (lentilles de bronze brut). Ces éléments attestent de la présence d’un atelier de bronzier. Par ailleurs, ces moules sont souvent associés à la production de monnaies ; les flans étaient frappés à froid avec des coins gravés (cf photos). Si plusieurs exemplaires de ces moules ont déjà été collectés en Gaule ou en Bretagne romaine, il n’a jamais été formellement établi qu’il s’agissait d’ateliers monétaires.

La chronologie

Grace au mobilier collecté cette année, notamment céramiques et monnaies, la chronologie du fonctionnement de la ville antique s’est enrichie et continue d’être précisée. En l'état, l’occupation gauloise, timidement repérée en 2013, s’affirme davantage sur le nord de la ville, avec de nouvelles traces livrant de la céramique caractéristique des IIe - début Ier s. av. J.-C. Cependant, la liaison avec les premiers pas de l’agglomération antique durant la période augustéenne (fin du Ier s. av. J.-C. - début du Ier s. ap. J.-C.), est loin d’être confirmée.

Les mieux établies, sont les phases de grand développement et de prospérité de la ville, situées entre le milieu du Ier s. et le début du IIIe s.

Tout comme le démarrage, le déclin et l’abandon de la ville sont encore mal documentés ; ce processus est toutefois enclenché dès le milieu du IIIe siècle.

Enfin, le petit hameau médiéval (fin XIIIe - XIVe s) découvert au bord des thermes lors des fouilles de T. Lepert (1989-1992), a été étoffé cette année par de nouvelles traces d’habitations, plus éloignées le long de la Rue de la Victoire, ainsi qu’un four de potier qui a livré des milliers de fragments de vases .

Synthèse et perspectives

Sur ces trois années de recherches, notre connaissance de l'organisation urbaine et de la chronologie d'Alauna ne cesse de progresser et même de se renouveler. Mais il est encore un peu trop tôt pour être affirmatif sur le rôle que jouait la ville dans l’organisation de l’Empire romain, ou pour se lancer dans des estimations de population. La nature des vestiges n’est pas encore définie et leur densité est loin d’être uniforme ou homogène. D’ailleurs, la découverte de secteurs « vides » amène déjà d’autres questions : s’agit-il de parcelles prédestinées à l’agrandissement de la ville et jamais construites ? Peut-on envisager l’existence de parcelles cultivées ou de jardins mis en réserve à l’intérieur du périmètre urbain ? Ces terrains laissés vierges de construction et d’activités polluantes servaient-ils à préserver la potabilité de la ressource en eau qui desservait au moins les thermes ?

Une chose est sure, Alauna est loin d’avoir livré tout ses secrets et les années de recherches à venir promettent de nouvelles surprises… et aussi de nouvelles questions.

Pour tenter d’avancer sur toutes ces problématiques, une troisième campagne de sondages est d’ores et déjà programmée pour juillet 2015. Plusieurs recherches et analyses complémentaires vont également être lancées cette année (datations au Carbone 14, étude des moules à flans en bronze, analyse comparative du métal composant le flan en bronze découvert dans l’atelier et celui des monnaies trouvées sur le site) ou programmées pour 2015 (projet de recherche destiné à localiser les nécropoles).

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25 juin 2014 3 25 /06 /juin /2014 15:31
Orglandes, église Notre-Dame

La vita de saint Ermeland et les origines de la paroisse d’Orglandes

La paroisse d’Orglandes est citée dans un récit hagiographique du VIIIe siècle, la Vie de saint Ermeland (Vita Ermelandi)[1], relatant le séjour et le miracle que fit en Cotentin ce moine de l’abbaye de Fontenelle, fondateur de l’abbaye d’Aindres, à une date qui se situe entre la fin du VIIe et au début du VIIIe siècle. Ce texte précise que le saint, venu en Cotentin pour les affaires de son abbaye, fut invité à diner avec quelques disciples chez un riche propriétaire du nom de Launus. Là, il aurait transformé de l'eau en vin pour subvenir aux besoins d'une foule nombreuse d’invités et de pèlerins venus à sa rencontre, avant de se retirer dans sa propre demeure, située dans le domaine d'Orglandes ("Domini post refectionem ad propriam domum quae est in villa quae dicitur Orglanda, reversus est"). Un autre épisode survenu lors du séjour d’Ermeland à Orglandes se rapporte au vol commis par un paysan d’un flacon ( ? Labulum) que le saint portait sur sa selle, mais que le voleur dut restituer en raison de la brûlure que se mit aussitôt à lui causer cet objet. L’intérêt du récit est surtout de préciser que le flacon, une fois restitué, demeura ensuite exposé dans l’église du bienheureux apôtre Pierre, dans la cella d’Orglandes (quod in testimonium vsque in præsens perseuerat, pendens in oratorio beati Apostoli Petri in Orglanda cella, vbi hoc gestum est). Ce document contient ainsi de façon explicite mention d’un petit établissement monastique, dépendant probablement de l’abbaye d’Aindres, qui était établi au VIIIe siècle sur la paroisse d’Orglandes. Le culte de saint Ermeland trouva probablement à s’y développer par la suite autour de la mémoire de ses miracles, et de ce fameux flacon, devenu une sorte de relique ou brandea.

Le culte de saint Ermeland a laissé une empreinte assez importante en Cotentin, en particulier aux Moitiers-en-Bauptois, ainsi qu’à Boutteville, où se tenait une foire le jour de la fête du saint (18 octobre), à Sottevast et au Plessis-Lastelle, où subsistent les bâtiments d’un ancien prieuré Saint-Ermeland, à Vauville ou certaines traditions lui attribuent la fondation de l’ancien prieuré Saint-Michel du Mont. A Orglandes même existait, selon Charles de Gerville, une fontaine Saint-Herbland, située « près de Rouville, en un lieu nommé Launay», que nous n’avons pas su retrouver. Nulle autre trace en revanche dans l’église paroissiale, vouée à Notre-Dame, ni parmi les autres sanctuaires attestés sur la commune. Une hypothèse intéressante consisterait plutôt à rattacher le récit relatif au miracle de saint Ermeland à la paroisse limitrophe de Gourbesville, vouée elle aussi au saint abbé d’Aindres. Ce domaine fit, en 1060, l’objet d’une donation au profit de l’abbaye Saint-Père de Chartres[2], également récipiendaire, depuis le début du XIe siècle, d’anciens domaines monastiques mérovingiens situés au Ham et à Saint-Jean-de-la-Rivière[3]. Implantée au contact étroit du manoir seigneurial de Gourbesville, pratiquement intégrée aux dépendances de celui-ci, cette église ne pourrait-elle avoir été édifiée sur le site même de la résidence du riche Launus, censée elle-même, comme nous l’avons vu, s’être trouvée non loin de la cella d’Orglandes ? L’église de Gourbesville offrirait auquel cas un bel exemple d’ancien sanctuaire domanial d’époque Franque, devenu paroisse à l’époque ducale.

A Orglandes même, l’Abbé Lecanu en 1839[4] puis J. M. Renault dans l’Annuaire du Département de la Manche de 1870[5], ont signalé une chapelle vouée à Saint-Pierre, susceptible donc de correspondre à l’oratoire de la cella d’Orglandes mentionné dans la vita du saint. Malheureusement aucun des deux auteurs ne fournit les sources de son attestation, ni la localisation de ce sanctuaire disparu.

L’église Notre-Dame ne semble pas avoir conservé en élévation de maçonneries antérieures au XIIe siècle. Elle présente en revanche plusieurs briques et fragments de briques en remploi, manifestement romaines, ainsi que des morceaux de calcaire coquillier provenant très vraisemblablement de sarcophages du haut Moyen-âge, visibles aussi bien éparpillés dans les murs qu’affleurant dans le sol du cimetière. Dans les maçonneries de la nef, au bas de la troisième travée du côté sud, nous avons également repéré un bloc de pierre calcaire où apparaissent sur une surface très corrodée de petites folioles en méplat que nous pensons sculptées de main d’homme. Le détail est minuscule, presque insignifiant, mais il appartient manifestement à une date antérieure au XIIe siècle.

Signalons aussi que l’actuelle route départementale 24 qui passe au chevet de l’église reprend le tracé d’une voie romaine importante et bien attestée, qui reliait Cosedia (Coutances) et Crociatonum (Sainte-Mère-Eglise ?) au sud, à Alauna (Valognes), au nord. Cette voie romaine croise à cet emplacement précis le tracé de l’ancienne « carrière Bertran », une route menant depuis le secteur de Surtainville et du port de Diélette vers la baie des Veys qui dépendait au Moyen-âge de la baronnie de Bricquebec.

Il faut encore souligner qu’Orglandes constituait sous l’ancien Régime le chef de l’un des doyennés du Cotentin, héritage probable d’une institution territoriale antérieure à l’époque ducale. Le nom même d’Orglandes, déjà attesté comme nous l’avons vu au VIIIe siècle, serait selon François de Beaurepaire issu d’un hydronyme pré-latin se rapportant donc à une rivière et ayant la particularité de former frontière ou limite entre deux territoires distincts[6]. Difficilement explicable d’après la géographie de la commune actuelle, cette explication trouve en revanche un sens beaucoup plus précis dès lors qu’elle est envisagée à l’échelle du territoire qui formait le doyenné d’Orglandes dans son ensemble. S’étendant de Négreville, Yvetot-Bocage et Magneville au nord jusqu’à Rauville-la-Place et Picauville au sud cette entité territoriale se trouve en effet nettement délimitée par l’Ouve et le Merderet, les deux rivières les plus conséquentes de la presqu’île du Cotentin.

Orglandes offre en résumé un site particulièrement sensible en termes de continuité d’occupation, et exerça probablement durant le haut Moyen-âge un rôle structurant à l’échelle des territoires environnants. Le maintien de son appellation d’époque pré-normande suggère pour le moins que cette prééminence ne fut pas entièrement effacée lors des bouleversements provoqués aux IXe et Xe siècles par l’arrivée de colons scandinaves.

L’église Notre-Dame

La paroisse d’Orglandes était initialement de patronage laïc. Lors de la rédaction du premier pouillé, ou « Livre Noir » du diocèse de Coutances, vers 1251-1280, les revenus de la dîme se trouvaient ainsi partagés entre deux seigneurs locaux Richard de Saint-Germain et Richard d’Orglandes. Cette situation évolue dans le premier tiers du XIVe siècle, lorsque le chapitre de la cathédrale de Coutances, soucieux probablement d’augmenter ses ressources, profitant aussi semble t-il du morcellement des droits hérités de Richard d’Orglandes, opère une série d’acquisitions dans la paroisse. En 1322, Jean d’Orglandes fit don à cet établissement de la dixième part des dimes qu’il avait en sa possession puis, par achat du 4 juillet 1328, le chapitre récupérait un autre tiers de dîmes, acquis de Guillaume d’Orglandes[7]. Le 16 octobre 1330, d’autres ayant droits cédaient encore en complément une autre part (le neuvième) de dimes[8]. L’abbaye des prémontrés de Blanchelande était également possessionnée à Orglandes au XIIIe siècle[9].

L’édifice s’impose au visiteur par la monumentalité de sa tour de clocher, accolée du côté nord à la dernière travée orientale de la nef, qui présente des contreforts plats à ressauts et de petites baies cintrées d’époque romane. Abritant sous un arc un autel orienté, la chapelle située au rez-de-chaussée de cette tour ouvre sur la nef par un arc de profil légèrement brisé qui repose sur des chapiteaux cylindriques à feuilles lisses pouvant dater du dernier tiers du XIIe siècle. Toute la partie haute de la tour, avec son couvrement en bâtière et ses hautes baies gothiques apparaît avoir été remaniée au XVe siècle. Une inscription en caractères gothique visible sur la face occidentale (Ex labore et diligentia M. Johannis le Tellier … loci maiori, 1613) se rapporte manifestement à une intervention architecturale postérieure, financée par le dénommé Jean Letellier. Une autre date portée de 1749, visible sur cette même face ouest de la tour, indique probablement une autre campagne de travaux. Plus énigmatique toutefois est une autre inscription, plus ancienne, qui figure en partie basse du mur oriental du clocher, probablement en remploi, mêlé avec quelques claveaux sculptés d’étoiles creuses d’époque romane. On y discerne sans certitude les caractères suivants, écrits en lettres capitales : « LIX BV. DO ».

L’enclos paroissial qui environne l’église conserve une très belle croix de cimetière du XIIIe siècle, sans doute la plus ancienne du Cotentin, formée d’un faisceau de colonnettes à efflorescence végétale, sommées d’un croisillon portant la figure du Crucifié.

La petite porte sud, ouvrant sur la nef, est coiffée d’un tympan roman, montrant l’image du Christ en gloire, siégeant dans une mandorle, bénissant d’une main et tenant de l’autre le livre des évangiles. Il est entouré des symboles des quatre évangélistes (le Tetramorphe), puis de saint Pierre et saint Paul. Comme l’indique l’attribut du livre, commun à chacune des figures, cette représentation intemporelle du Christ ressuscité, se voulait aussi un manifeste de l’autorité de l’église et de ses ministres, s’affirmant pour héritiers de la parole biblique. Le style de cette œuvre, de même que les autres éléments romans visibles dans l’église d’Orglandes, apparaissent indicatifs d’une période déjà assez avancée, non antérieure aux années 1150-1160 environ.

Cet édifice roman a déterminé le plan de l’église actuelle mais il a subi d’importants remaniements à des époques postérieures. L’arc triomphal séparant la nef et le choeur, présentant un profil nettement brisé, a été conservé dans son état du XIIe siècle et présente plusieurs chapiteaux sculptés, où se remarque des godrons, des formes végétales stylisées et un couple de femmes enlacées, illustration probable du thème de la Visitation. Le chœur à chevet plat de trois travées est voûté de croisées d’ogives reposant sur des colonnes à chapiteaux végétaux du XIIIe siècle, dont la fine ciselure évoque le modèle de la cathédrale de Coutances.

Lors de sa visite d’inspection du 21 aout 1759 (Dr. Guibert, Les églises du département de la Manche, vol. I, p. 618), l’archidiacre du Cotentin remarquait : « L’extérieur de l’église nous a paru en assés (sic) bon état. L’intérieur est fort propre. La contretable est neuve, le cœur bien lambrissé et les autres autels de l’église décorés fort proprement. Il y a suffisamment de vases sacrés, de livres et d’ornements. Les fonds (sic) baptismaux sont bien fermés ».

A la Révolution, selon le curé Edouard Marguerie (1831-1882) « L’église fut dévastée par une horde de misérables envoyés de Montebourg. Les cloches furent enlevées, les statues presque toutes mutilées ou brisées, les registres et les ornements publiquement brulés ».

Après 1836, la nef, devenue trop petite pour la population du village (alors en expansion en raison de l’ouverture de carrières de pierre calcaire) est prolongée vers l’ouest de 7,50 m. Une date portée indique pour ces travaux le millésime de 1846. L’ancienne façade, avec sa grande fenêtre divisée par des meneaux bifurqués et son portail orné à la clé d’un bel ange tenant un phylactère (XVe siècle), fut alors démontée et remontée plus à l’ouest, au devant de cette nouvelle travée. Cette façade présente aussi un une statue en fonte de saint Barbe, placée sur une console au dessus du portail, qui constitue pour sa part une addition de la fin du XIXe siècle.

En 1819, Charles de Gerville remarquait « les colonnes de la nef destinées à porter une voute qui n’a point été faite ». En 1889, un plafond de bois est de fait encore mentionné sur la nef, le voutement actuel n’ayant été réalisé qu’en 1890, comme l’atteste une date portée sur l’une des clefs de voûte de la structure néo-gothique actuelle. Cette restauration de la fin du XIXe siècle est également signalée par une inscription commémorative de la consécration du 24 avril 1892, effectuée par Mgr Germain, en présence de M. Cadic, maire.

(Julien Deshayes, mai 2014)

[1] Vita Ermelandi, éd. W. LEWISON, MGH, SRM 5, Hanovre-Leipzig, 1910, p. 674-710 ; Bruno JUDIC, "Quelques réflexions sur la Vita Ermelandi", Revue du Nord, t. 86, 2004, p. 499-510.

[2] Marie FAUROUX, Recueil des actes des ducs de Normandie de 911 à 1066, MSAN, t. XXXVI, Caen, 1961, n°147, p. 328-340.

[3] M. GUERARD, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Père-de-Chartres, Paris, 1840, t. I, cap. III, p. 108-115

[4] Abbé LECANU, Histoire des évêques de Coutances depuis la fondation de l'évêché jusqu'à nos jours, Coutances, 1839, p. 533

[5] J.M. RENAULT, "Notes historiques et archéologiques sur les communes de l'arrondissement de Valognes", Annuaire du Département de la Manche, 42e année, Saint-Lô, 1870, p. 28

[6] François de BEAUREPAIRE, Les noms des communes et anciennes paroisses de la Manche, Paris, 1986, p. 172 et p. 114

[7] Julie FONTANEL, Le cartulaire du chapitre cathédral de Coutances, Saint-Lô, Archives départementales de la Manche, 2003, n° 143.

[8] Julie FONTANEL, op. cit., n°

[9] DUBOSC, Inventaire sommaire des Archives de la Manche, H. 517-519.

Le doyenné d'Orglandes sur la carte de Mariette de la Pagerie (1689) ; tympan roman de la porte sud; tour de clocher; vue intérieure depuis la nef.
Le doyenné d'Orglandes sur la carte de Mariette de la Pagerie (1689) ; tympan roman de la porte sud; tour de clocher; vue intérieure depuis la nef.
Le doyenné d'Orglandes sur la carte de Mariette de la Pagerie (1689) ; tympan roman de la porte sud; tour de clocher; vue intérieure depuis la nef.
Le doyenné d'Orglandes sur la carte de Mariette de la Pagerie (1689) ; tympan roman de la porte sud; tour de clocher; vue intérieure depuis la nef.

Le doyenné d'Orglandes sur la carte de Mariette de la Pagerie (1689) ; tympan roman de la porte sud; tour de clocher; vue intérieure depuis la nef.

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14 mars 2014 5 14 /03 /mars /2014 11:40
Tamerville, église paroissiale Notre-Dame-de-l’Assomption

Le cimetière de Tamerville aurait, selon Charles de Gerville, livré au XIXe siècle de nombreux sarcophages en « tuf » de Sainteny, indices de l’existence d’une nécropole du haut Moyen-âge établie sur le site[1]. Plus rien n’en subsiste aujourd’hui, sinon quelques fragments en remploi visibles dans les maçonneries de l’église, où l’on remarque également d'assez nombreux morceaux de briques, d’origine probablement antique.

Le patronage de la paroisse appartenait initialement aux seigneurs du lieu, titulaires du « vieux » fief de Tamerville[2]. Lors de la rédaction du pouillé du diocèse de Coutances, vers 1270, Guillaume de Tamerville percevait les deux tiers des dîmes tandis que le prêtre desservant en recevait la troisième part[3]. A la mort de Roger de Tamerville, survenue vers 1330, ces droits et revenus ecclésiastiques furent partagé entre ses quatre héritières, puis, à la suite des mariages et de donations effectuées par ces dernières, se trouvèrent divisés entre les seigneuries de Tamerville, de Chiffrevast et de la Brisette (à Montaigu), et l’abbaye du Vœu de Cherbourg[4]. Il apparaît ensuite que les d’Anneville, ayant hérité du fief de Chiffrevast et acquis la seigneurie de Tamerville, parvinrent à récupérer à leur seul profit la position de principal patron. Les monuments funéraires de Guillaume d’Anneville (1538-1587) et d’autres des membres de la famille en conservent le souvenir dans l’église. Le relief héraldique du fronton de la façade arborait, avant la Révolution de 1789, le blason du sire de Chiffrevast.

Vouée à Notre-Dame-de-L'Assomption, cette église est placée sous la protection secondaire de saint Mayeul, abbé de Cluny (c. 910-994). Le choix d’un tel patron spirituel traduit peut-être l’existence d’un lien particulier entre la paroisse de Tamerville et la grande abbaye bourguignonne (qui possédait en Cotentin le prieuré de Saint-Come-du-Mont), mais la nature de ce lien demeure indécise. L’origine du culte de saint Sulpice, auquel est consacrée la chapelle nord de l’église, reste également mystérieuse[5]. Notons simplement que le saint en question pourrait aussi bien désigner l'évêque de Bayeux du IXe siècle, martyrisé en 844 à Livry (14), plutôt que l’évêque de Bourges du VIIe siècle, qui s'est imposé finalement.

L’église de Tamerville a de longue date retenu l'attention des archéologues et des amateurs d'architecture, en raison surtout de son remarquable clocher d'époque romane[6]. Il en existe une belle illustration de John Cell Cotman, dessinée en 1818, lors de son premier séjour en Cotentin et reproduite dans ses Architectural Antiquities of Normandy[7]. L’édifice fut aussi dessiné et publié en 1889 par l'architecte Victor Ruprich-Robert, puis insérée en photographie dans l’édition de la Normandie Monumentale et Pittoresque d’Emile Travers (Le Havre, 1899)[8].

Cette tour est placée contre la première travée du chœur, du côté sud, et prend appuis en rez-de-chaussée sur le volume quadrangulaire d'une chapelle annexe vouée à saint Jean. Elle affecte à partir du second niveau un plan octogonal, qui se développe en élévation sur deux étages élancés d'égales hauteurs. L'ensemble est coiffé d’une flèche charpentée, couverte en lauses de schiste. La construction présente un parement soigné, constitué de pierre de taille calcaire de moyen appareil, et s’agrémente, à chaque niveau, d’arcatures aveugles et de baies en plein cintres ornées de motifs géométriques. Tandis que les deux grands arcs du mur sud du rez-de-chaussée présentent pour voussures de simples tores, les arcatures du premier étage sont ornées de dents de scie et les fenêtres du second, de frètes crénelées. La jonction entre chacun des huit pans coupés de la tour est adoucie par une fine colonnette d’angle, qui courre jusqu’à l’aplomb de l'un des modillons, plus saillant, soutenant la corniche. Sur la façade sud, une colonne engagée faisant fonction de contrefort sépare les deux hautes fenêtres au sol du rez-de-chaussée et étaye ensuite la face aveugle du premier étage.

Le répertoire varié des modillons de la corniche et des chapiteaux ornant chacun des arcs vient enrichir encore la plastique murale, si soigneusement élaborée, du clocher de Tamerville. Sur l’un des chapiteaux du rez-de-chaussée, où Auguste Montier croyait reconnaître un seigneur de la paroisse faisant l’aumône à un pauvre, figure plus probablement une allégorie de l’avarice, avec un personnage debout gratifiant d’une main un mendiant assis, tout en cachant de l’autre un objet (miche de pain ?) derrière son dos. Les autres chapiteaux extérieurs du clocher ne présentent aucun décor figuratif mais des corbeilles lisses à godrons, ornements géométriques et volutes végétales. Sur cette partie de l'église, les modillons offrent principalement des variations autour de masques anthropomorphes, plus ou moins grimaçant et monstrueux. On y rencontre aussi un oiseau aux ailes déployées, un trio de figurines nues, d'intéressantes têtes animales aux larges yeux en amende et aux mâchoires becquées ou dentelées, crachant ou mordant des serpents…

Couverte intérieurement d’une voute d’arêtes, la chapelle Saint-Jean "des cloches" ouvre sur la première travée sud du chœur par un arc à double voussure supporté par des colonnes engagées sur dosseret, coiffées de chapiteaux sculptés. Ce sont des corbeilles assez massives en calcaire blanc, où l'on distingue pour ornements : un masque humain à la barbe bifide coiffé d'un bonnet ; un couple de masques imberbes dont les oreilles s’étirent pour former des volutes d’angles ; des oiseaux aux ailes déployées ; une sorte de ruban horizontal noué en volutes aux deux angles.

En dépit de son apparente homogénéité, l’architecture du clocher de l’église de Tamerville soulève visiblement un certain nombre de questions archéologiques : comment expliquer en particulier l’existence d’un grand arc surbaissé obstrué ouvrant initialement dans le mur occidental de cette chapelle ? Celui-ci est coiffé d'un larmier oblique marquant la ligne de toiture d’une construction en appentis disparue venant s’y accoler. Placés en bonne connexion avec les maçonneries de la tour, cette ancienne porte et ce larmier apparaissent en revanche difficilement compatibles avec la structure de la nef romane qui existe aujourd’hui. Les traces de polychromie médiévale recouvrant intérieurement l'encadrement de cette ancienne ouverture, la structure même de cet arc surbaissé et les traces de layage oblique caractéristiques des claveaux qui le constituent indiquent bien cependant son appartenance à la construction du XIIe siècle. La seule option disponible consiste à mon sens à identifier cet arc comme le vestige d'un étroit porche occidental, qui ouvrait directement depuis le cimetière vers la chapelle sous clocher, et formait ainsi une sorte de vestibule. A l'aplomb de cette hypothèse, on peut relever qu'une ouverture de remplacement fut aménagée ultérieurement en reperçant les maçonneries abritées sous l'un des deux arcs, initialement aveugles, du mur sud (La date de cette intervention peut se situer aux environs du XVe ou XVIe siècle). L'absence de traces d'une autre porte romane ouvrant sur le chœur conforte aussi cette lecture, dans la mesure où il était d'usage, dans les églises de cette période, de dissocier de l'accès des fidèles, donnant sur la nef, un second accès séparé vers le chœur et réservé au prêtre.

La face orientale de cette chapelle sous clocher est marquée par une étroite excroissance formant une sorte de chœur très réduit à chevet plat, initialement percée d’une petite fenêtre axiale. Le raccord maladroit et manifestement assez bouleversé de cet appendice avec le mur sud du chœur s'explique ici par des modifications plus tardives, documentées par des sources écrites [9]. Ce petit retrait qui abrite un autel secondaire, ouvre intérieurement par un grand arc à décor de chevrons attestant bien son appartenance à la structure romane [10]. Les peintures résiduelles qui en recouvrent les maçonneries sont en revanche postérieures au XIIe siècle.

Hormis son beau clocher octogonal, l’église Notre-Dame de Tamerville a aussi conservé du XIIe siècle les volumes de son chœur à chevet plat, profond de deux travées, et de sa nef unique de trois travées. Malgré le percement postérieur de plusieurs fenêtres et l’adjonction d’une nouvelle façade, précédée d'une travée entière de nef, au milieu du XVIIIe siècle[11], cet édifice a conservé ses modillons d’origine ainsi que ses contreforts plats et, côté nord, les encadrements de ses fenêtres obstruées. Une élégante porte romane aux voussures ornées d’étoiles creuses ouvre dans la seconde travée de la nef du côté sud. Deux autres claveaux à étoiles creuses et un petit bloc orné d'une croix en médaillon sont maladroitement intégrés aux maçonneries adjacentes à ce portail. Ces éléments pourraient faire songer à des remplois mais apparaissent pourtant bien liés à la construction d'origine.

Le grand arc triomphal ouvrant vers le chœur est intégralement préservé. Il repose sur des colonnes engagées à chapiteaux dont l'un, côté sud, présente un cavalier sonnant du cor et poursuivant un cerf. Ce thème est assez fréquent dans la sculpture romane[12] mais l’on a voulut reconnaitre ici l’image d’un seigneur de la paroisse exerçant son droit de chasse "à cor et à cry". Les quelques résidus de polychromie encore visibles sur certains chapiteaux nous rappellent que cette architecture était initialement peinte de couleurs vives, que d’autres strates postérieures son venues recouvrir ensuite, avant d’être elles-mêmes blanchies ou décapées.

Bien qu'elle se signale par la qualité de ses parements et de son ornementation sculptée, cette église présente une structure architecturale qui demeure assez peu élaborée ; Son chœur charpenté à chevet plat apparaît nettement moins structuré qu'en nombre d'églises romanes du Cotentin, souvent dotées d'absides circulaires en cul-de-four et voutés de croisées d'ogives. L'invention constructive du maître d'œuvre s'est principalement concentrée sur ce "morceau de bravoure" que constitue le haut clocher octogonal. Avec sa silhouette claire et sa flèche (que je crois avoir été initialement couverte de tuiles rouges), il offrait de loin un signal aisément identifiable, et orientait le voyageur se dirigeant, depuis la cité ducale Valognes, vers les ports de Barfleur ou de Saint-Vaast-la-Hougue. La force visuelle d'un tel attribut se trouvait sans doute d'autant mieux soulignée que les églises du Cotentin étaient encore peu nombreuses, au XIIe siècle, à véritablement posséder une tour de clocher. L'exemple de l'église Saint-Martin d'Octeville, sur les hauteurs de Cherbourg, où se rencontre un autre exemple de tour octogonale naissant d'une base carrée, nous rappelle toutefois que l'expérience n'était pas entièrement isolée à l'intérieure de la presqu'île. D'autres clochers octogonaux ont également été bâtis au XIIe siècle à Cosqueville et aux Pieux, mais à une date légèrement postérieure.

Le décor sculpté de Tamerville possède lui aussi des éléments de comparaison assez nombreux en Cotentin, mais il ne semble pas davantage pouvoir être attribué à tel ou tel des ateliers de sculpteurs romans identifiés dans la région. Le détail des différents chapiteaux à décor de grosses volutes en amende, le volume des corbeilles tronconiques au profil écrasé et le traitement des modillons à masques humains traduisent une forme de filiation avec l'abbatiale de Lessay, mais plusieurs jalons intermédiaires nous échappent manifestement. Pour les modillons et chapiteaux à décor animalier, les meilleurs comparaisons doivent être recherchées dans l'église de Saint-Germain de Barneville et dans celle Saint-Martin d’Octeville, déjà citée, mais elles ne concernent au final que des motifs isolés. Conformément à ce qu'estimait Auguste Montier en 1899, cette architecture semble pouvoir être attribuée à une date proche de 1140, entre 1130 et 1145 environ, à une époque qui fut marquée, partout en Normandie, par une intense activité constructive en matière d'édifices religieux.

(Julien DESHAYES, Pays d'art et d'histoire du Clos du Cotentin, mars 2014).

[1] Charles de GERVILLE, Voyages archéologiques dans la Manche (1818-1820), Edition annotée par le Dr. Michel GUIBERT, Saint-Lô, Société d’archéologie et d’histoire de la Manche, vol. I, 1999, p. 401-404.

[2] Il faut distinguer les seigneurs de Tamerville des seigneurs de Chiffrevast et corriger sur ce point les remarques de Charles de Gerville qui attribuait indûment le patronage de l’église et sa construction aux de Chiffrevast.

[3] Lépold DELISLE, « Livre noir du diocèse de Coutances (1251-1279) », Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. XXIII, Paris, 1894, p.518-519. La famille de Tamerville possédait également le patronage de l’église de Fresville, que Guillaume de Tamerville abandonna en 1253 aux moines de Saint-Sauveur-le-Vicomte (cartulaire, n°133 et n°345). Son successeur, Herbert de Tamerville, fit ensuite d’autres donations de rentes sur cette paroisse (id. n°134).

[4] H. 3635, 29 janvier 1370 : « Donation faite aux religieux par demoiselle Agnès de Tamerville, fille de feu Richart de Tamerville, jadis escuier (…) d’un noniesme des dixmes des bleds de la paroisse de Tamerville, ensemble avec le tiers du droit de patronage de l’église dudit lieu ». Mentionne également « la baille et fieffe (…) faicte en l’an 1336 par quatre demoiselles, filles et héritières de Roger (sic pour Richard ?,) de Tamerville ».

[5] Les vitraux posés en 1889 dans la chapelle saint Sulpice se rapportent à l’évêque de Bourges mais cela est peut-être dû à un oubli de l’identité du saint. Sulpice est également vénéré à Sainte-Mère-Eglise, ancienne exemption du diocèse de Bayeux. Le fait qu’il existe aussi à Fresville une chapelle Saint-Sulpice, auprès d’une église dont le patronage revenait pour partie à la famille de Tamerville, constitue peut-être un indice, permettant d’expliquer ce culte par une dévotion particulière des seigneurs de la paroisse.

[6] Touchée par la foudre en 1955, celle-ci a fait l’objet d’une restauration partielle de ses parties sommitales sous la direction de l’architecte Yves-Marie Froidevaux. Le tonnerre l’avait déjà frappé en 1752.

[7] Vol. I, Londres, 1822, pl. XVII.

[8] A. MONTIER, « L’église de Tamerville », dans : La Normandie Monumentale et Pittoresque, le Havre, 1899, p. 232-233. Cf. également J.M. RENAULT, « Notes historiques et archéologiques sur les communes de l’arrondissement de Valognes, Annuaire de la Manche, 1867, p. 54-59 ; Lucien MUSSET, Normandie romane, La Pierre-qui-Vire, 1967, vol. I, p. 47 ; Marie-Hélène SINCE, « Art roman dans l’est du Cotentin », Art de Basse-Normandie, n°68, 1976, p. 26-27. Si la description de l’édifice et sa datation, vers 1140, apparaissent satisfaisant, Montier ainsi que Charles de Gerville attribuent à tort le financement de la construction aux seigneurs de Chiffrevast, qui n’en détinrent pourtant le patronage qu’à compter du XIVe siècle.

[9] Une arcade qui avait été ouverte entre la tour et le chœur pour rendre l’autel visible, fut rebouchée en l’an 1900 (cf. source de la Conservation des Antiquités et objets d’art de la Manche, d’après les archives épiscopales de Coutances). Lucien MUSSET supposait pour sa part que la souche de plan carré du clocher avait « dû subir de nombreux remaniements avant de porter les étages octogonaux qu’elle reçut sans doute vers le milieu du XIIe siècle » (Normandie romane, op. cit., p. 47). Au vu des observations précédentes je renonce à me ranger à l'analyse du brillant historien et considère plutôt que l'ensemble de cette tour, chapelle basse comprise, est issu d'une seule phase de construction, qui se situe plutôt vers 1120-1140 qu'à une date postérieure.

[10] Si elle ne se rapporte pas plutôt à la chapelle nord, vouée à saint Sulpice depuis une date inconnue, la mention qui est donnée dans le pouillé de 1332 d’une chapelle sise à l’intérieur du cimetière pourrait peut-être se rapporter à cette petite construction. Cf. Auguste LONGNON, « Pouillés de la province de Rouen », Recueil des historiens de la France, Paris, imprimerie nationale, 1893, p. 293.

[11] Selon les rapports de visites archidiaconnales, l’extension occidentale de la nef et la construction d’une nouvelle façade était déjà envisagée en 1721 et fut réalisée peu avant 1752. Par testament du 1er janvier 1746, le curé J.B. Groult fit une donation pour aider au financement de cette extension. Les nouvelles fenêtres auraient été percées entre 1730 et 1752.

[12] Représenté en particulier dans la nef de l’église Sainte-Croix de Saint-Lô.

Tamerville, église paroissiale Notre-Dame-de-l’Assomption
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